Battu jusqu’au sang au nom de la "prévention du vice"!

Le quartier Béni Makada (Tanger) a été, le 16 mars 2014, le théâtre d'affrontement entre les forces de l'ordre et des salafistes.

Le quartier Béni Makada (Tanger) a été, le 16 mars 2014, le théâtre d'affrontement entre les forces de l'ordre et des salafistes. . Le360

Revue de presseKiosque360. Un citoyen a été admis aux urgences de Tanger dans un état critique, après avoir été battu jusqu’au sang par des promoteurs autoproclamés de la vertu.

Le 28/08/2014 à 07h28

Serait-ce une version marocaine des atrocités commises par les tristement célèbres comités pour la promotion de la vertu et la prévention du vice? La question est en tout cas sur toutes les lèvres à Béni Mekkada, théâtre d’une violente agression perpétrée, lundi dernier, à la pointe du jour, par des fous illuminés de la Salafia sur un pauvre citoyen désarmé et inoffensif, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya, dans son édition du jeudi 28 août. "L’haleine d’alcool que dégageait la victime était trop forte pour ne pas éveiller les démons des promoteurs auto-désignés de la vertu, qui l’ont battu jusqu’au sang pour avoir transgressé la Charia", relate le quotidien arabophone. Tout a commencé, en ce noir lundi 25 août, au lever du jour, quand un groupe de nervis a fondu sur un citoyen titubant comme des prédateurs sur une proie. Les coups pleuvant sur elle plus drus que grêle, la victime est dangereusement tombée par terre. Loin d’apitoyer ses bourreaux hallucinés, cette chute les a au contraire surchauffés au point d’asséner à l’agressé des coups assommants avec le revers d’armes blanches! Battu à plate couture, la victime, pauvre d’elle, n’aurait dû son "salut" qu’à l’usage de ses cordes vocales. Criant à tue-tête, elle a réussi à attirer l’attention de l’entourage.

A en croire Al Ahdath, n’eût été l’intervention d’un gardien de nuit qui se trouvait dans les parages, la victime aurait sans douté succombé à ses blessures. Une hypothèse confirmée aussitôt après l’évacuation de l’agressé vers l’hôpital Mohammed V, à Tanger. Admis en soins intensifs, ce dernier présentait des blessures profondes dans son dos (lardé de coups de couteau), des lésions graves au niveau de son bras droit (avec lequel il tentait vainement de se défendre contre les armes blanches), ainsi que des fractures qui lui ont fait perdre toute mobilité, du moins à court terme.

La police judiciaire entre en ligne

Alertés par les services sanitaires, des éléments de la police judiciaire de Tanger se sont aussitôt rendus chez la victime hospitalisée. Après avoir recueilli les premiers indices sur les agresseurs, les fins limiers se sont lancés dans une mission de filature et ont réussi à identifier certains d’entre eux. D’après les premiers éléments de l’enquête, il s’agirait d’un groupe salafiste très actif dans le quartier de Béni Mekada, terreau de l’intégrisme et véritable pépinière où les partisans d’Al Qaïda et autre Daach viennent "s’approvisionner" en extrémistes désireux d’aller accomplir le jihad (Guerre sainte) sous la sinistre bannière de l’Etat islamique d’Abou Bakr el-Baghdadi. Une perquisition à domicile, effectuée par les éléments de la PJ, a établi des éléments de preuve très révélateurs, dont le plus saillant est la découverte de documents prônant le jihad en Syrie, sans compter les procès en apostasie et autres anathèmes dont regorge la phraséologie intégriste. Selon l’enquête, les suspects arrêtés n’auraient pas d’antécédents judiciaires, en dehors, bien entendu, des "alcootests" auxquels ils soumettaient les clients des "lieux du vice et de la débauche"!!! Cela rappelle étrangement les tyrannies d’affligeante mémoire imposées, au nom de la Vertu, par les Talibans de l’Afghanistan et du Pakistan. Les salafistes de Béni Mekada veulent-ils leur emboîter le pas en voulant (nous) imposer, du haut de leur ignorance, une sorte de Marokistan ? Une chose reste sûre: le processus de Kabolisation ne passera jamais par le Maroc.

Par Ziad Alami
Le 28/08/2014 à 07h28