Une nouvelle qui risque fort bien d’embarrasser le Parti justice et développement. «Ahmed Raïssouni, ancien président du Mouvement Unicité et Réforme (MUR), bras associatif du PJD, vient d’être mis sur la liste noire du terrorisme par les Emirats arabes unis», révèle Akhbar Al Yaoum, dans son édition du lundi 17 novembre. «Cette décision, adoptée lors du dernier conseil des ministres émirati, s’inscrit dans le cadre de la bataille rangée menée par les pays du Golfe contre la confrérie des Frères musulmans», explique le quotidien, en allusion à la très controversée Union internationale des savant musulmans, présidée par le prédicateur égyptien Cheïkh Qaradaoui, et dont le vice-président n’est autre que le théologien marocain Ahmed Rissouni.
Akhbar Al Yaoum, qui affirme avoir tenté vainement de joindre Ahmed Raïssouni à Doha, le QG de l’Union internationale des savants musulmans, estime que la décision émiratie ne manquera pas de faire polémique, d’autant plus que la confrérie est considérée de la même manière que l’organisation terroriste d’Abou Bakr Al-Baghdadi, Daach, Al-Qaïda, ses antennes au Maghreb et sa version nigériane «Boko Haram».
Pour rappel, les Emirats arabes unis avaient convoqué, en février dernier, l’ambassadeur de Doha à Dubaï pour protester contre des propos séditieux tenus par Cheïkh Qaradaoui, accusé d’encourager «le renversement des monarchies du Golfe». Le 5 mars, c’était au tour de Ryad (Arabie Saoudite) et Manama (Bahreïn) d’emboîter le pas à Dubaï en procédant, avec cette dernière, au rappel de leurs ambassadeurs à Doha, à la faveur d’une crise diplomatique sans précédent entre les pays du Conseil de coopération du Golfe. Une crise qui promet de prendre de l’ampleur après la décision émiratie d’excommunier la «Jamaa» de Qaradaoui, dont le Qatar est accusé d’être le bailleur de fonds.
Rissouni le dos au mur !
L’aventure d’Ahmed Raïssouni du côté de Doha, où il briguait la présidence de l’Union internationale des savants musulmans, en remplacement de Cheïkh Qaradoui, risque de prendre une mauvaise tournure, après le «carton rouge» arboré par les Emirats arabes unis et, vraisemblablement plus tard, par les autres pays du CCG profondément indisposés par le rôle déstabilisateur joué par les Frères musulmans. L’ex-prédicateur du PJD, réputé pour ses prêches enflammés contre la commanderie des croyants, son opposition farouche au nouveau Code de la Famille et ses descentes incendiaires contre les festivals (œuvre du diable !), n’en est pas à bout de ses peines. En mars dernier, lors du congrès du Mouvement Unicité et Réforme, il a essuyé un cinglant camouflet de la part de ses anciens confrères, après l’opposition des cadors du PJD, dont le chef du parti, Abdelilah Benkirane, à sa reconduction à la tête de ce mouvement.
Face à ce refus, le candidat malheureux n’a eu d’autre choix que de battre en retraite alléguant, d’une part, ses «ennuis de santé», de l’autre, son intention de se consacrer, «en dehors de toute tutelle», à ses recherches théologiques et à l’exercice de la prédication. Ce prêcheur ultra-radical avait un œil sur le poste enviable de président de l’Union internationale des savants musulmans. Or voilà : après la «diabolisation» de son «Union» du côté du Golfe, où il jouit depuis quelques années d’un «exil très doré», et le désaveu qui lui est infligé par le PJD (au pouvoir), Raïssouni n’a plus de choix. Il a le dos au mur!