Abdellah Taïa: «L’histoire des deux jeunes filles d'Inzegane m'a énormément choqué»

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L’écrivain marocain a pris part, ce samedi 4 juillet, à une manifestation en solidarité avec les deux jeunes filles d’Inzegane. Il rend compte de cette manif, à travers ce témoignage. Propos recueillis.

Le 05/07/2015 à 01h00

«La manifestation a commencé à 15h00 devant l'ambassade du Maroc dans le 16ème arrondissement à Paris et elle a duré une heure et demie. Il y avait entre soixante et soixante-dix personnes très mobilisées, très émues et très convaincues par les causes qu'elles défendaient: les deux jeunes filles d'Inezgane et les libertés très menacées en ce moment au Maroc. Plusieurs slogans ont été entonnés: "Une robe n'est pas un crime", "Solidarité avec les filles d'Inezgane", "Solidarité avec les femmes marocaines", "A bas l'injustice!", etc.

Vers la fin, l'une des organisatrices a lu un texte fort où elle rappelait les très graves incidents que le Maroc a connus récemment: les deux homosexuels de la Tour Hassan à Rabat qui ont été outés par la télévision marocaine et ont été condamnés sans preuves à trois mois de prison ferme, le lynchage de l'homosexuel de Fès et, bien sûr, l'histoire tragique des deux jeunes filles d'Inezgane. Et elle nous a tous invités à continuer le combat pour les libertés individuelles, surtout en ce moment...

J'ai participé à cette manifestation parce qu'il est devenu très urgent de défendre l'individualité au Maroc et d'exiger du pouvoir (je ne parle pas seulement du gouvernement) des lois qui protègent les citoyens de la haine et des agressions du groupe.

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L’histoire des deux jeunes filles d'Inezgane m'a énormément touché: la manière avec laquelle elles ont été lynchées puis plus que maltraitées par la police m'a choqué, scandalisé. Ces filles auraient pu être mes soeurs, mes cousines, mes nièces. Les femmes et les homosexuel(le)s sont toujours les premiers à payer le prix de la schizophrénie tellement sophistiquée des Marocains. Il est temps que les mentalités changent. Le pouvoir marocain doit absolument sortir de son silence.»

Par Le360
Le 05/07/2015 à 01h00