Le spectre de «Bouya Omar», ce centre, qui accueillait jusqu’à il y a quelques années des patients atteints de maladies mentales, plane de nouveau. Les questionnements au sujet de sa fermeture et, surtout, sur l’après «Bouya Omar» reviennent au-devant de la scène avec l’apparition de véritables hordes de malades mentaux dans certaines villes du royaume.
Dans son édition du lundi 26 juillet, Al Ahdath Al Maghribia rapporte que les rues de Marrakech connaissent depuis quelques semaines un véritable phénomène de société. Il s’agit de la prolifération des malades mentaux qui arpentent les artères de la ville. Cette situation fait rappeler à Al Ahdath Al Maghribia le projet «Karama», annoncé en grande pompe après la fermeture du centre de «Bouya Omar», et dont la promesse était d’offrir un cadre digne où ces patients pourraient être pris en charge.
Mais, sur le terrain la réalité est tout autre malheureusement. Dès la sortie de la gare routière de Marrakech, rapporte le journal, on peut constater l’ampleur du phénomène. Les lieux avoisinant ces infrastructures dédiées au transport sont même devenus les abris où ces personnes malades ont l’air de se sentir le plus en sécurité. Les responsables qui en assurent la gestion, sont eux confrontés à un véritable dilemme: comment faire pour que ces malades quittent ces lieux tout en respectant leur dignité ?
Un peu plus loin, dans les quartiers touristiques, c’est le même phénomène qui alimente les discussions des citoyens. Face à la flambée des cas de ces malades, tous se demandent comment réagir face à ces personnes. Dans certains cas, et même si la présence de ces personnes aux alentours peut nuire au business, des commerçants ont fait le choix de les ignorer et d’éviter de les chasser. Et pour cause, beaucoup d’entre eux ne présentent aucun signe d’agressivité. En d’autres termes, ils ont appris à vivre avec ces malades.
Du côté des autorités, ajoute le quotidien, on se contente d’observer la situation. Et même quand des citoyens se plaignent du phénomène, ils obtiennent comme réponse : «que voulez-vous qu’on leur fasse ?». Une réponse que le journal qualifie de surréaliste, et qui montre à quel point la présence de ces malades dans les rues tend à devenir ordinaire dans la ville.
Pour ce qui est des associations qui font de l’accompagnement et de la prise en charge de ces personnes leur combat au quotidien, là encore la réponse n’a pas de quoi présager d’une résolution prochaine du problème. Plusieurs d’entre elles souffrent d’un manque d’infrastructures et quand elles sont sollicitées, elles font valoir la saturation de leur capacité d’accueil. C’est pourquoi les autorités ont fait appel à des structures associatives qui s’occupaient jusque-là d’autres sujets pour apporter leur soutien, mais cela ne suffit pas. Et ce n’est pas forcément sans risques pour les citoyens, car dans certains cas, ces malades qui traînent dans les rues peuvent constituer un danger, et des faits divers enregistrés dernièrement le prouvent.