Le lancement des nouveaux bus de la métropole ne fait pas que des heureux! Les chauffeurs de grands taxis opérant sur Casablanca et sa périphérie, qui ont profité de longues années du laisser-aller des autorités de la ville et de la politique de la rente, ont franchi cette semaine un nouveau cap en devenant, sur la route, des «monstres» redoutés qui pourraient même entraver la marche en avant enclenchée pour améliorer les conditions de transport des citoyens dans la métropole. Dans son édition du mercredi 17 février, Assabah rapporte que la décision des grands taxis, prise lundi dernier, d’entraver la route à certaines lignes assurées par les nouveaux bus mis en circulation par le nouveau délégataire, a mis en état d’alerte les autorités de la ville, y compris la Wilaya de la région et les services de la gendarmerie. Ces derniers ont dû faire preuve d’une importante mobilisation pour préserver le droit des citoyens au transport et la sécurité des chauffeurs des nouveaux bus. Pour le quotidien, cet incident a prouvé une nouvelle fois aux autorités qu’il faut agir avec prudence dans le lancement des chantiers stratégiques dans le cadre de la modernisation et l’amélioration des services de transports publics, dont deux d’entre eux devraient être lancés incessamment.
Le premier est, en effet, le lancement d’un service de transport nocturne par bus. La ville de Casablanca songerait à étendre la durée du service pour couvrir la nuit, comme cela se fait dans plusieurs métropoles étrangères. Le second, certainement encore plus problématique au vu du contexte, est le lancement d’une ligne de bus reliant Casablanca à l’aéroport Mohammed V. Ce dernier trajet est d'ailleurs une véritable poule aux œufs d’or pour les chauffeurs de taxis qui y exercent leur monopole et ne seraient pas forcément prêts à y accepter une nouvelle concurrence.
Pour des citoyens sondés par le quotidien, le comportement des chauffeurs de grands taxis, cette semaine, constitue une grave atteinte non seulement à l’autorité des services de sécurité, mais également aux droits des Casablancais à l'accès à des services de transport dignes. D'autant qu’ils se plaignent du non-respect, par les grands taxis, des conditions de base pour assurer un transport sécurisé des clients, notamment dans le contexte sanitaire actuel. De même, plusieurs des usagers des nouveaux bus de Casablanca considèrent l’initiative des chauffeurs de grands taxis comme une tentative de prise en otage des Casablancais qui ne souhaitent qu’un service de transport digne.
Même son de cloche auprès des élus de la ville. Assabah rapporte qu’il existe aujourd’hui une unanimité pour dénoncer ce comportement des chauffeurs de grands taxis. Ces derniers ont certes le droit de se plaindre ou de protester, mais pas de la manière dont ils l'ont fait cette semaine.
Quoiqu’il en soit, lorsque l’on connaît la force du lobby des taxis opérant dans la métropole, la modernisation tant espérée par les citoyens et les autorités des services de transport ne devrait certainement pas se faire sans dégâts. L’incident de cette semaine, alors que les Casablancais commençaient à peine à goûter à la joie de disposer enfin de bus dignes du statut de la ville, en est la preuve.