26.000 piqûres de scorpions par an au Maroc: faut-il s'en inquiéter?

Les scorpions ont pris Safi d'assaut.

Les scorpions ont pris Safi d'assaut. . DR

Les piqûres de scorpions surviennent généralement en été. Le centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc a recensé environ 26.000 piqûres dont 44 ont mené au décès. 95% des morts sont des enfants.

Le 30/07/2021 à 08h57

Au centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), 70% des cas d’intoxication reçus sont des cas de piqûres de scorpion. 26.819 piqûres de scorpions ont été recensées dans 41 provinces marocaines, en 2019, dont 44 mortelles, selon les statistiques du centre.

"Depuis 2001, le ministère de la Santé a mis en place une stratégie nationale de lutte contre ce fléau dont l’objectif principal est de diminuer le nombre de cas et de décès. Nous avons par exemple un système d’information qui centralise les données de piqûres, de décès et d’autres informations depuis tout le Maroc. Ce système nous a permis de dresser une cartographie des envenimations scorpioniques", explique le Dr Rhizlane Oufir, spécialiste du dossier scorpion et coordinatrice de la stratégie nationale en la matière au CAPM.

"Nous avons une moyenne de 25.000 à 26.000 piqûres par an. Il y a quelques années, nous avions un taux de létalité de 2,37%, en 2019 nous sommes à 0,16%. Nous avons au Maroc une cinquantaine d’espèces de scorpion dont 20 venimeux", continue-t-elle.

Selon la spécialiste, les ONG doivent s’intéresser à ce problème et aider le CAPM à sensibiliser les populations dans les régions à risque.

"En cas de piqûre, le patient n’est pas forcément envenimé, c’est la classe 1. Cette dernière représente environ 90% des piqûres de scorpion, selon nos statistiques. La classe 2, ce sont des personnes légèrement envenimées qui sont sujettes a des sueurs, des vomissements, etc. Le traitement est symptomatique lorsqu’ils sont conduits à l’hôpital. La classe 2 représente 9% des piqûres de scorpion. Le dernier 1%, la classe 3, ce sont les cas graves, en détresse vasculaire et en état de choc ou en détresse neurologique avec des convulsions. Il faut directement les admettre en réanimation", étaye le Dr Oufir.

Les enfants sont les plus vulnérables face aux piqûres de scorpions. 90 à 95% des décès observés concernent des enfants de moins de 15 ans. C’est une question de rapport poids et quantité de venin. "Sur les 44 décès en 2019, nous n’avions que 2 ou 3 adultes. C’est pour cela que nous avons signé une convention avec le ministère de l’Education en 2006 afin de sensibiliser les plus jeunes directement dans les écoles en distribuant des affiches et en leur montrant les gestes à adopter en cas de morsure. Il faut aussi savoir que 70% des morsures surviennent à l’intérieur du domicile", continue-t-elle.

Les villes les plus touchées sont Rhamna, Essaouira, Kelaat Sraghna dans la région de Marrakech-Safi, ce sont les capitales du scorpion. Les régions Beni Mellal-Khénifra, la région de Souss Massa vers Tiznit et Taroudant et la région de Draâ-Tafilalet notamment les villes de Ouarzazate et Zagora sont aussi des foyers connus de scorpions. "Ce sont des régions que nous ciblons à travers des campagnes de sensibilisation et surtout en formant le personnel de santé des hôpitaux et des centres de santé. Il faut aussi savoir que la plupart des piqûres de scorpions surviennent entre mai et septembre", conclut le Dr Oufir.

Par Reda Benomar
Le 30/07/2021 à 08h57