La menace d’une intervention militaire marocaine contre le Polisario "est sérieuse". Et c’est une source diplomatique algérienne qui l'aurait confirmé au site d’information «Middle East Eye», spécialisé dans les questions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. «Le Maroc a informé Alger par canal diplomatique qu’il interviendra militairement au Sahara occidental si les forces sahraouies ne se retirent pas de la zone tampon» située à l’est du dispositif de défense marocain, rapporte notre confrère britannique, sur la foi d’une source diplomatique algérienne. «Pour faire passer son message, Rabat a utilisé comme intermédiaire l’ambassadeur d’un Etat européen à Alger», dévoile le site d’information, sans citer toutefois l’Etat européen qui aurait transmis le message de Rabat aux autorités algériennes.
Dimanche 1er avril, le Maroc avait alerté le Conseil de sécurité sur l’incursion d’éléments armés du Polisario dans la localité de Mahbes. Mardi 3 avril, le MAECI, Nasser Bourita, qui s’est déplacé à New-York, après une brève escale lundi 2 avril à Paris où il a rencontré son homologue français Jean-Yves le Drian, a remis un message du roi Mohammed VI au SG de l’ONU, Antonio Guterres, où le souverain a exprimé «le rejet ferme et déterminé des provocations et incursions inacceptables» des éléments armés du Polisario à l’est du dispositif de défense marocain.
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C’est dans ce contexte, marqué par une mobilisation marocaine tout azimut (Exécutif, parlement, partis politiques) qu’est intervenue l’avertissement de Rabat à l'adresse Alger quant à une intervention militaire pour déloger le Polisario de la zone tampon instaurée par le Maroc en vertu de l’accord de cessez-le-feu conclu le 6 novembre 1991.
La «réaction» des autorités algériennesToujours d’après le site «Middle East Eye», Alger n’aurait pas apprécié que le message d’intervention militaire lui soit transmis par un pays tiers. «D’abord parce que l’Algérie a une relation diplomatique avec le Maroc. Il aurait été préférable que Rabat le saisisse via l’ambassadeur du Maroc à Alger, ou par le ministre des Affaires étrangères marocain -non pas via un Etat tiers. Ensuite, parce qu’Alger ne se considère pas comme partie prenante dans l’actuelle situation», aurait expliqué au site britannique une source diplomatique algérienne sous le couvert de l’anonymat.
Cela dit, les autorités algériennes «prennent très au sérieux les menaces du Maroc et étudient tous les scénarios possibles», aurait indiqué la même source algérienne. Par cette intervention militaire annoncée, «le Maroc ne cherche pas à déclencher une guerre, juste à changer «les règles d’engagement»", aurait-t-elle ajouté.
Le Maroc veut simplement rétablir la légalité et faire respecter l’accord militaire numéro 1 en vertu duquel la zone située à l’est du dispositif de défense marocain a été déclarée tampon et démilitarisée, contrairement aux allégations du Polisario qui tente misérablement de présenter cette région comme étant «une zone libérée».
Il faut préciser que le retrait des Forces armées royales de cette région marocaine a été effectué en 1991 dans un geste de bonne foi envers l’ONU et dans le seul souci de préserver l’accord de cessez-le-feu. Une initiative qui n’a toutefois pas été perçue ainsi, le Polisario, encouragé par Alger, voulant profiter du retrait des FAR à l’intérieur du dispositif de défense marocain pour tenter de changer le statut juridique de cette zone.
D’où la réaction ferme et déterminée de Rabat de riposter militairement si le Polisario ne plie pas bagages et rentre à Tindouf.