Brahim Ghali, le chef du Polisario a désormais une spécialité. Pour lutter contre son isolement diplomatique splendide, il n’a trouvé de mieux que de s’afficher dans les cérémonies d’investiture de chefs d’Etat, quand bien même ses protecteurs algériens arrivent à lui décrocher une wild card (carte attribuée à des invités de moindre valeur) pour y assister.
Ainsi, durant ces quatre derniers mois, il a été présent lors de quatre investitures, dont deux en Amérique latine et deux autres en Afrique. A chaque voyage, il a profité des largesses du général Gaïd Salah, pour voyager à bord de l’un des Gulfstream G500 de la présidence algérienne, portant le sigle de la «République algérienne démocratique et populaire» et le drapeau algérien.
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Le 25 mai 2019, il était en Afrique du sud, pour assister à l’investiture de Cyril Ramaphosa à Pretoria, cérémonie à laquelle quelque 30.000 personnes ont été conviées.
Une semaine plus tard, le 2 juin, il a traversé l’Atlantique pour se rendre à l’investiture du nouveau président du Salvador, Nayid Bukelé. Invité par un lobby parlementaire local pro-Polisario, Brahim Ghali a reçu une véritable gifle en revenant à Tindouf: une lettre du nouveau président salvadorien lui apprenant que son pays ne reconnaît plus la «RASD».
Début juillet, il était également à Panama où le nouveau président, Laurentino Cortizo, venait d’être élu à la tête de ce petit pays d’Amérique centrale. Seulement 10 chefs d'Etat, tous issus de la région latino-américaine, étaient présents à cette cérémonie, au milieu desquels la présence de Brahim Ghali a constitué une curiosité pour nombre d’observateurs locaux qui ont tenté, sans succès, de repérer sur une carte la prétendue «RASD» qu'il est venu représenter.
Ce 31 juillet enfin, et après une énorme pression d’Alger sur Nouakchott, Brahim Ghali a finalement débarqué à Nouakchott où il se savait pourtant non grata.
En effet, le désormais ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, a été voué aux gémonies par le Polisario depuis qu’il a déclaré, le 11 avril dernier, et en toute franchise, que les Etats-Unis, l’Europe, et l’Occident en général, «ne veulent pas d’un Etat entre le Maroc et la Mauritanie».
Quant au nouveau président, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, il a déjà donné le ton lors sa campagne électorale en refusant que les Sahraouis de Tindouf se procurent des documents d’identité mauritanienne, et a fortiori qu’ils soient inscrits sur les listes électorales du pays.
Un climat tendu qui explique le premier couac protocolaire encaissé par Brahim Ghali ce mercredi soir à sa sortie du jet algérien à l’aéroport Oum Tounsi de Nouakchott. Il sera le seul président, ou prétendu tel, qui n’a pas eu droit à être accueilli à sa descente d’avion par Ould Abdelaziz, ni à passer en revue les détachements militaires (armée, marine, garde nationale) venus rendre les honneurs aux visiteurs.
Même la fanfare militaire chargée d’entonner l’hymne de l’Union africaine au passage des chefs d’Etat du continent n’a pas activé ses tambours et trompettes.
A la cérémonie d’investiture elle-même, le chef du Polisario, assis à côté de Faki Mahamat, aurait perdu ses nerfs, au vu d’une bonne partie de l’assistance, et ce lors d’une discussion avec le chef de l’exécutif de l’Union africaine. Des images le montrent gesticulant en face du Tchadien, à qui il reprocherait sûrement d’avoir laissé l’ONU s’occuper seule du dossier du Sahara, dont l’organisation panafricaine s’est dessaisie.
Enfin, au moment où les délégations ont commencé à se relayer pour saluer Ould Ghazouani et Ould Abdelaziz, Brahim Ghali, en se présentant à son tour, a été clairement toisé par Ould Abdelaziz, alors que Ghazouani a préféré accorder la priorité à un ministre saoudien, avant de dse plier à une accolade non désirée avec chef du Polisario et le congédier rapidement malgré une tentative de ce dernier d’ouvrir une discussion, pour le besoin des caméras.
Finalement, Brahim Ghali a quitté la Mauritanie, vendredi, après une présence de deux jours, un «retard» qui laisse entendre qu’il aurait voulu sauver les meubles en tentant, à travers un lobby tribal mauritanien, de rencontrer le président élu au palais présidentiel. Raté également, puisque les choses sérieuses viennent de commencent pour Ould Ghazouani, qui n’a plus de temps à perdre.