Transport: pourquoi Boulif doit partir

Brahim Taougar le360

Revue de presseKiosque360. Les professionnels du transport routier viennent de sortir d’une grève de trois jours, sans que le secrétaire d’Etat chargé du Transport ne daigne piper mot. Boulif est très contesté par les opérateurs de ce secteur pour ses échecs, ses pulsions narcissiques et son entêtement.

Le 27/09/2018 à 22h00

Les professionnels du transport ont, durant les trois derniers jours, mené une grève très suivie qui a paralysé des dizaines de gares routières et immobilisé des milliers de voyageurs. Leurs revendications, justifiées par ailleurs, se résument à la simplification des formalités d’obtention de la carte professionnelle et à l’annulation de l’obligation de s’acquitter d’une somme de 8.000 dirhams. Ils réclament, en outre, la suspension du stage de formation de deux mois dans un centre spécialisé et la révision de l’article relatif aux sanctions administratives concernant le retrait du permis de conduire pendant une période allant d’un à trois mois. Au lieu d’essayer d'éteindre la flamme de la contestation, le ministre Boulif la ravive en s’entêtant, comme à son habitude, à user de la politique de l’intransigeance, de la condescendance, de l’indifférence et de la sourde oreille.

C’est ce qu’on peut lire dans un éditorial- pamphlet d'Al Akhbar qui, dans son édition du vendredi 28 septembre, fustige le secrétaire d’Etat chargé du Transport. Ce dernier est accusé d’ignorer les revendications des professionnels de ce secteur battant en brèche les faux slogans d’un Exécutif «attentif et réactif». Un refrain que ne cesse de chanter Saâd-Eddine El Othmani, et ce à l’ouverture de chaque conseil de gouvernement.

Or, tout le monde sait que l’auteur du «discours du mardi» est un ministre têtu qui manque d’intelligence politique et d’esprit de gestion digne d’un homme d’Etat responsable d'un secteur aussi sensible que celui des transports. Un ministre prêt à tout pour assouvir ses pulsions narcissiques, quitte à mener son département à une impasse, voire à provoquer des crises sociales supplémentaires dans notre pays.

Nous sommes donc en face d’un ministre venu, rapporte le quotidien, pour combattre l’autoritarisme, mais qui n’hésite pas à user des mêmes méthodes archaïques pratiquées par ses prédécesseurs au cours du siècle dernier. Il croit détenir des pouvoirs exclusifs qui lui permettent de faire et défaire tout ce qui relève de son département et réfute tout dialogue avec les opérateurs de ce secteur. Sa tactique est de forcer ses opposants à se plier à ses décisions, au lieu de servir l’intérêt national en essayant de trouver un terrain d’entente dans un secteur aussi crucial socialement, économiquement et sécuritairement. Il oublie que son obstination risque d'accroître les tensions sociales et de jeter de l’huile sur le feu des multiples contestations qui fusent dans tous les secteurs. Il risque ainsi d’entraîner l’appareil sécuritaire dans une crise sociale, sans oublier les perturbations que risque de subir la population et les pertes économiques encourues par les sociétés publiques et privées.

Quand on dresse le bilan de l’auteur du «discours de mardi», on découvre que rien ne justifie sa longévité, depuis cinq ans, à la tête de ce département, à part quelques modifications opérées sur le Code de la route et la création de l’Agence nationale de la sécurité routière. En revanche, ses échecs sont inquantifiables. Ainsi, les accidents de la route, dont le nombre ne cesse de croître, causent, chaque année, plus de 3.000 morts.Boulif a d'ailleurs «réussi» à mettre tout le monde contre lui, responsables des centres de visite technique, des sociétés de transport et des auto-écoles. De même, les citoyens lui reprochent d'avoir décidé de l'augmentation de la tarification du permis de conduire à 3.550 dirhams, sans oublier la hausse des autres taxes. N’oublions pas, non plus, le calvaire subi par des dizaines de milliers de MRE au moment où ils s’apprêtent à retourner vers leur pays de résidence. Une situation qui a valu au Maroc d'être tourné en dérision dans le monde entier, sans que le principe de la responsabilité et de la reddition des comptes ne soit appliqué.

En définitive, nous sommes aujourd’hui face à un ministre distrait qui fait plus de mal que de bien et dont le rôle se limite souvent à créer des problèmes, des crises et des tensions sociales dans le secteur du transport routier. Un secteur vital dont le chiffre d’affaires dépasse les 15 milliards de dirhams et garantit le transport de centaines de milliers de voyageurs, ainsi que de millions de tonnes de marchandises. Autant dire que le limogeage du ministre Boulif ne peut qu’être bénéfique au Maroc et aux Marocains, conclut le quotidien.

Par Samir Hilmi
Le 27/09/2018 à 22h00