Déjà, les camps de Tindouf sont en eux-mêmes une prison insupportable. Preuve en est les récentes manifestations, face auxquelles les chars du Polisario ont été déployés, qui n’exigeaient rien d’autre que la liberté de déplacement, interdite depuis l’ère d’Abdelaziz El Marrakchi, et verrouillée davantage depuis l’arrivée de la bande à Brahim Ghali.
L’on comprend dès lors la vive colère des habitants des camps de Lahmada, face à l’emprisonnement depuis maintenant une cinquantaine de jours de trois activistes sahraouis, dont le seul crime est d’avoir librement exprimé leurs points de vue sur les travers de la direction du Polisario. Une critique qui leur a valu d’être embastillés dans la tristement célèbre prison de Dheybia à Tindouf, un pénitencier où une fois entré, on n'en ressort rarement vivant. Les plus chanceux le quittent après y avoir perdu la raison, ou avec des séquelles irréversibles de la torture.
C’est pour cette raison que les habitants des camps mettent actuellement la pression sur la direction du Polisario pour libérer immédiatement les trois bloggeurs, qui ont entamé une grève de la faim pour exiger qu’un tribunal examine leur cas afin de les relaxer.
Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 6 août, les familles des trois prisonniers ont tiré la sonnette d’alarme, affirmant que la grève de la faim, et sur la foi du diagnostic du médecin de la prison, risque de leur être fatale, surtout que l’un des militants donne déjà des signes de maladie néphrologique du fait de sa déshydratation avancée. Ces mêmes familles ont aussi dénoncé l’oppression implacable initiée par les dirigeants du Polisario qui kidnappent, emprisonnent, torturent tous ceux qui s’opposent à leurs méthodes dictatoriales.
Le journal rapporte également que l’ONG américaine Human Rights Watch est entrée en ligne dans l’affaire. Elle préconise que les bloggeurs soient jugés s’ils ont commis un quelconque crime, sinon ils doivent être immédiatement libérés.
Il faut rappeler que ces violations quotidiennes des droits de l’homme dans les camps ont transformé Tindouf en une véritable poudrière qui peut sauter à tout moment. Surtout que la disparition, depuis 2009, du militant des droits de l’homme, Ahmed Khalil, n’est toujours pas élucidée. Les membres de sa famille et ses nombreux soutiens organisent des sit-in réguliers à Rabouni devant le siège du Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU, pour exiger que toute la lumière soit faite sur son sort, alors qu’il est établi avec certitude que ce sont les «services» algériens et du Polisario qui l’auraient enlevé, et qu’il y a donc peu de chances de le retrouver vivant.