La situation devient explosive à Tindouf. Les dirigeants du Polisario ont, en effet, ouvert le feu sur des manifestants pour les empêcher d’observer un sit-in devant la direction du Front. L’incident a eu lieu samedi dernier, jour où des manifestants protestaient contre la mort d’un activiste politique sahraoui, décédé dans le centre de détention de sinistre réputation de «Dhibia», rapporte Al Massae dans sa livraison du lundi 18 juin.
Les dirigeants du Front ont commencé par des tirs de sommation pour mettre fin à ce soulèvement populaire, affirme le journal. En effet, après avoir tenté, en vain, d’engager un dialogue avec les manifestants, ils ont décidé de faire parler les armes. Quant au dirigeant du Front, Brahim Ghali, qui se trouvait au siège du secrétariat général du Polisario, il s’est tout simplement éclipsé par la porte de derrière, précise Al Massae, les manifestants ayant commencé à scander des slogans hostiles au chef de la milice séparatiste et aux membres de la direction du Front. «Oui à la vérité, non à un Etat tribal», scandaient notamment les manifestants qui ont, de même, accusé les chefs de la milice d’avoir «vendu les Sahraouis aux étrangers». Ils ont, par ailleurs, décidé de porter cette affaire au niveau international.La direction du Polisario est ainsi accusée d’avoir couvert l’assassinat de Salek Brika, activiste politique et militant des droits de l’Homme, et d’avoir maquillé ce meurtre en suicide.
Après les premiers tirs de sommation, les dirigeants du Front ont ouvert le feu en tirant à balles réelles sur les manifestants, pour les empêcher d'approcher le siège du Polisario où se trouvaient Brahim Ghali et plusieurs de ses lieutenants. Avant d’en arriver là, la direction du Front avait mandaté quelques Chioukh des tribus pour intimider les protestataires et les enjoindre à rester chez eux, au risque de subir les conséquences de leurs actes. Mais les manifestants ne l’ont pas entendu de cette oreille. Ils exigent, ni plus ni moins, une enquête indépendante et une autopsie réalisée par une équipe médicale internationale pour élucider les circonstances de la mort de ce militant qui a succombé aux coups violents que lui avaient assenés, à la tête, des éléments du Front. Transporté, baignant dans son sang et inconscient, dans un véhicule militaire qui le menait à la prison, il a, en effet, fini par rendre l'âme. Selon les manifestants et la famille de la victime, il n’y a pas l’ombre d’un doute: Salek Brika a bel et bien été assassiné par le Polisario. Ce dernier est d’ailleurs accusé de vouloir liquider les membres des tribus minoritaires après les avoir privées, pendant longtemps, de leurs droits.