Le peuple marocain est plein de sagesse et de dignité. Il mérite qu’on l’écoute et qu’on le respecte. Il mérite d’avoir les moyens pour donner à ses enfants une éducation de haut niveau. Apprendre par exemple des valeurs telle que la démocratie. Or, aujourd’hui, la démocratie est un slogan. On se contente de l’aligner dans un discours, de participer à des élections et on oublie qu’élire, c’est aussi choisir dans le sens du progrès, vivre et faire vivre pleinement les valeurs qui sont à la base de ce système.
Le peuple autrichien vient de donner un exemple de ce qu’est la démocratie juste après le choix américain aberrant pour Trump. Les Autrichiens viennent de voter pour un président dont le programme va dans le sens du progrès humain, social et écologique. Ils ont barré la route à un candidat dont le programme est d’extrême droite, basé sur la fermeture du pays, sur le racisme et la haine, celle de l’islam notamment.
Le peuple autrichien a pensé cette élection.
Les dernières élections au Maroc, comme je l’ai dit dans la conférence du 27 novembre dernier qui a eu lieu sous la Coupole, dans la grande salle des Séances, quai Conti à Paris, se sont passées dans la transparence. Mais un grand nombre d’inscrits ne se sont pas déplacés pour voter. Ceux qui ont voté et donné une majorité relative aux gens du PJD ont fait un choix de société qui correspond probablement à leur culture politique. Il est aussi normal que ce choix, même s’il est majoritaire, puisse être critiqué et signalé comme allant dans le sens, non du progrès, mais de la régression. Là, la démocratie a été une technique, pas une valeur de modernité.
Je redis ce que j’ai souvent écrit, notamment dans mes chroniques à Le360, que le PJD est un parti islamiste, qui utilise la religion pour atteindre le pouvoir. Pour qu’il y ait une vraie démocratie au Maroc, il faut d’abord qu’on permette l’émergence de l’individu en tant qu’entité unique et singulière. Or, l’individu, autonomie de droit et de pensée, n’est pas reconnu dans notre société, comme dans l’ensemble du monde arabe. D’où l’inégalité des droits entre l’homme et la femme, le recours à l’hypocrisie et au discours moralisant pendant que des actions de vice sont commises en cachette.
Il est temps de s’émanciper de ces apparences ridicules et de mener le combat contre l’ignorance, contre les injustices et contre l’immense fléau qu’est la corruption.
Nous sommes le pays arabe où sévit le plus haut niveau d’analphabétisme.
Nous sommes le pays où le système éducatif est en crise depuis plusieurs décennies.
En outre, le système de santé publique est sous-développé, pour ne pas dire plus.
Alors, cela fait les beaux jours du système non public: école privée, clinique privée…
C’est la victoire de l’argent sur les valeurs publiques. Certes, nous sommes dans une économie libérale. Cela n’empêche pas le fait de réformer l’éducation ou d’améliorer l’état de la santé publique et d’enseigner à nos enfants les valeurs fondamentales du système démocratique. Celui qui permet à une société d’entrer dans la modernité.