C’est un classique du genre: Alger a coutume d’inscrire à l’agenda des visites des responsables étrangers, officiellement ou par voie de presse, l’inévitable «question» du Sahara. Une fois n’est pas coutume, cela n’a pas été le cas lors de la visite, jeudi 28 juin, lors de la visite du secrétaire d’Etat adjoint américain, John J. Sullivan, qui, comme l’ont bien observé nos confrères algériens, d’un ton dépité, a évité soigneusement d’évoquer le dossier avec le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel.
Remarquons en passant que la visite du numéro deux du Département d’Etat américain a «coïncidé» avec la tournée maghrébine de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Horst Köhler. Soulignons aussi que la visite de John J. Sullivan est intervenue à la veille du 31e sommet de l'Union africaine, qui se tient à Nouakchott et dont l'ordre du jour inclut le dossier saharien. Le haut responsable américain n'a pourtant pas touché un seul mot sur le sujet du Sahara lors de son bref séjour à Alger.
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Impasse à Alger, cela veut-il donc dire que l’Administration Trump néglige-t-elle le dossier? Que nenni, et ce ne sont surtout pas les déclarations que le secrétaire d’Etat adjoint américain a faites plutôt à Rabat qui diront le contraire. Le haut responsable US a donc choisi la capitale du Royaume pour livrer le fond de la pensée de l’Administration Trump au sujet du dossier saharien. Le plan d’autonomie marocain est «une démarche potentielle en faveur de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», a-t-il en effet affirmé, signifiant, à qui veut bien entendre, que l’offre marocaine d’octroyer des prérogatives d’autogestion à la population des provinces sahariennes est en soi une forme d’«autodétermination».
Bien sûr, la position américaine est déjà connue de tous, mais au regard du contexte actuel, elle fait sens et démontre que l’Administration américaine n’envisage aucune reprise des négociations en dehors de l’Initiative du Maroc pour l’octroi d’un statut d’autonomie au Sahara, «approche potentielle qui pourrait satisfaire les aspirations du Sahara occidental».
Parlant de contexte, la déclaration de John J. Sullivan, reprise par le Département d’Etat américain sur son site officiel, intervient à quatre mois de la réunion du Conseil de sécurité (31 octobre 2018).
On comprend donc mieux pourquoi les Etats-Unis ont ramené à six mois le mandat de la MINURSO, au lieu d’une année. L’initiative de Washington s’adresse clairement au tandem Alger-Polisario, qui ne peut plus se permettre de se cramponner à la thèse utopique de «l’indépendance». Une option irréaliste et irréalisable aux yeux de l’Administration américaine, comme du Conseil de sécurité qui, faut-il le répéter, a ignoré superbement dans sa résolution 2414 l’option du «référendum d’autodétermination» auquel continuent de s’attacher inutilement le Polisario et Alger.