Sahara: avis d'experts. Pourquoi ça traîne

Le360

Le 01/09/2019 à 15h54

VidéoAprès la démission de Horst Köhler le 22 mai dernier, le secrétaire général de l'ONU, qui n’est toujours pas fixé sur son futur envoyé personnel au Sahara, s'apprête à rouvrir ce dossier, en activant ses contacts avec les membres du Conseil de sécurité, apprend Le360 de sources concordantes. Mais...

"Depuis 100 jours, ce dossier est en panne mais une réflexion au niveau d'Antonio Guterres et du conseil de sécurité paraît probable", et il semble qu'il a "un problème de prospection", affirme à ce sujet le politologue Mustapha Sehimi, interrogé par Le360.

"Ce qui est sûr, c'est que rien n'est sorti jusqu'ici du bureau de Guterres", indique par ailleurs ce politologue, qui suit de près le dossier.

Dans les milieux politiques de Rabat, on estime que les choses vont s'accélérer dans les prochaines semaines, avec notamment la reprise des activités de l'ONU, août étant un mois de vacances aux Nations Unies, à l'exception des cas sensibles et urgents dans le monde.

Selon Mustapha Sehimi, la première date à retenir du calendrier onusien débute le lundi 23 septembre 2019, avec la reprise, à New York, des travaux de l'Assemblée générale annuelle des Nations Unies.

Il y aura par la suite un deuxième agenda, "spécifique et contraignant", pour le dossier du Sahara marocain, en l’occurrence celui du rapport que doit présenter Antonio Guterres au Conseil de sécurité, le 30 octobre prochain.

A l’issue de ce rapport, il s’agira impérativement de décider de la reconduction ou non du mandat de la MINURSO, d’évaluer le travail effectué par Horst Köhler et de commencer l'opération de désignation de celui qui aura pour mission de porter le dossier du Sahara marocain.

"A la fin de septembre, on aura un nom qui aura été arrêté au sujet du nouvel envoyé personnel pour le Sahara marocain", pense Mustapha Sehimi, qui estime qu’il n'y aura pas de "rotation", en ce qui concerne l’aire géographique, pour la désignation d'un représentant personnel de Guterres.

"Ce n'est pas mécanique, ce n'est pas une règle, c'est un consensus", affirme le politologue à ce sujet.

A propos des rumeurs qui ont actuellement cours sur un profil venu d’un pays d’Afrique, Mustapha Sehimi n'exclut toutefois pas cette possibilité.

Néanmoins, il juge fortement improbable cette hypothèse, pour deux raisons majeures.

"Il faut que ce profil réunisse un consensus des parties en conflit, or le Maroc émettra des réserves, car le dossier du Sahara marocain est sorti des mains de l'Afrique à travers le sommet africain de Mauritanie, qui avait délégué cette affaire aux Nations Unies", explique ainsi Mustapha Sehimi.

Cette idée est, du reste, largement partagée à Rabat.

Ahmed Noureddine, également politologue, indique quant à lui qu’Antonio Guterres avait proposé en juin dernier un profil africain parmi cinq candidats. Toutefois, "aucun nom n'a été divulgué", précise-t-il.

Mais la probabilité de la désignation d'un candidat africain reste "très faible" du fait de la sensibilité de ce dossier.

"Le Maroc insiste pour que l'ONU soit le seul cadre du règlement de son dossier sur le Sahara", indique Ahmed Noureddine, qui précise en outre qu'Antonio Guterres, qui a déjà proposé ces cinq noms au Conseil de sécurité ainsi qu'à l'Espagne, membre du Groupe des Amis du Sahara, aux côtés des cinq permanents du Conseil de sécurité.

Et pour ce politologue, "les prochaines semaines vont accélérer la procédure de nomination d'un successeur de l'allemand Horst Köhler".

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Benmini
Le 01/09/2019 à 15h54