Retraites, indemnités: quand Abdelilah Benkirane s’auto-dénonce

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Revue de presseKiosque360. Suite à la diffusion par les médias de documents divulguant que l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane percevait des retraites et autres indemnités, ce dernier n’a pas tardé à démentir les faits, mais en en divulguant d’autres.

Le 11/02/2019 à 22h02

Politique et argent public ne font jamais bon ménage, surtout quand la transparence n’y est pas. L’exemple avec l’ancien SG du PJD et ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Ce dernier, qui voulait donner l’image d’un ex-haut fonctionnaire de l’Etat tout en intégrité et parti à la retraite sans le sou, affirme à qui veut l’entendre que son seul revenu, depuis qu’il a été débarqué en mars 2017 de la primature, réside dans une unique pension qui lui a été gracieusement accordée par le roi Mohammed VI.

Sauf que le quotidien Al Akhbar du mardi 12 février revient sur les fac-similés de documents ministériels, publiés un jour plus tôt et en vertu desquels Abdelilah Benkirane a été autorisé, depuis le 1er octobre dernier, à percevoir les pensions dues à sa qualité d’ancien chef du gouvernement. Le montant de cette pension serait de 70.000 DH par mois, et ordre a été donné par Saâd-Eddine El Othmani au ministre des Finances de le payer rétroactivement à Benkirane à partir de la date de son départ à la retraite forcée, c’est-à-dire du 17 mars 2017. Cela ferait un joli pactole de 1,6 million de dirhams.

Répondant à ces révélations sur sa page Facebook personnelle, page qu’il vient d’ailleurs d’activer en lieu et place de celle de son chauffeur, comme nous le précise Al Ahdath Al Maghribia de ce 12 février, Abdelilah Benkirane reste «barricadé derrière la pension accordée par le roi», et nie percevoir toute autre pension. Mais il reconnaît que, du temps où il était chef du gouvernement (2012-2017), il percevait régulièrement, en plus de son gros salaire, sa retraite d’ancien député, et ce jusqu’à la faillite de la caisse de retraite des parlementaires. 

Al Ahdath rapporte que, dès ce dimanche soir, Benkirane a qualifié de «mensongères» les révélations d’Al Akhbar et de son directeur de publication qu’il a cités nommément. Il a même juré sur le Coran qu’il ne disposait actuellement que du seul revenu dont il a déjà parlé et «dont la source est le roi et le bénéficiaire Benkirane», précise-t-il.

Pour se défendre, Al Akhbar tient mordicus à l’authenticité du document qu’il a publié et qui porte effectivement le sceau du ministère délégué chargé de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration, et la signature noir sur blanc de Mohamed Ben Abdelkader, chef de ce département. La balle est donc dans le camp de ce dernier.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 11/02/2019 à 22h02