Le polisario a très mal et ne le cache pas. Réagissant à la résolution 2468, adoptée hier mardi 30 avril à une large majorité, il en veut expressément au Conseil de Sécurité de n’avoir pas «condamné les actions déstabilisatrices» du Maroc qui risqueraient de «saper un processus politique déjà fragile».
Une menace à peine voilée de retrait du processus politique que le SG de l’ONU, Antonio Guterres, et son Envoyé personnel pour le Sahara, Horst Köhler, tentent de remettre sur les rails, 7 ans après avoir été mis à l’arrêt (mars 2012), en raison notamment du cramponnement du polisario, galvanisé par Alger, à l’option du «référendum d’autodétermination».
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Une notion romantique, que le polisario traîne comme une relique depuis la défunte guerre froide, mais qui ne trouve plus grâce, ou presque, aux yeux du Conseil de Sécurité. «L’autodétermination» n’a été citée que deux fois dans le texte de la résolution 2486, pour ne pas parler de la notion de «référendum» qui a complètement disparu de la terminologie de l’ONU et de son instance décisive, comme en témoignent les précédentes résolutions 2440 (fin octobre 2018) et 2414 (avril 2018).
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Voilà où le bât blesse… le front polisario, à la solde d’Alger. L’APS en a donné le ton dès les premières heures de la journée du mardi 30 avril, avant même la réunion des Quinze pour le vote de la nouvelle résolution.
En guise de revanche, le polisario adopte un ton de défi envers le Conseil de Sécurité, en martelant, ce mercredi, que «la seule solution réalisable, réaliste et durable est celle qui accorde à notre peuple le droit inaliénable de décider de son propre destin de façon libre, démocratique et sans conditions préalables».
Dit autrement, le polisario continue de prôner «l’autodétermination», laquelle s’inscrit à rebours de la volonté du Conseil de Sécurité de pousser vers une issue politique basée sur «le compromis» et «le réalisme», cités respectivement Cinq fois et Quatre fois, dans le texte de la résolution 2468.
Continuer de prôner «l’indépendance» revient aujourd’hui à se tromper d’époque, et ignorer les nouvelle réalités géopolitiques. En s’enfermant dans cette vieille posture stérile, héritée de la défunte époque de la guerre froide, le polisario est en train de battre en brèche le peu de crédibilité qu’il lui reste en tant qu’"interlocuteur" dans le processus engagé par l’ONU pour ménager une issue politique à un conflit qui met à rude épreuve la patience de la communauté internationale.