Quand la tomate marocaine affole les producteurs européens

Des tomates cerises cultivés à Dakhla dans les provinces du Sud.

Des tomates cerises

Revue de presseLes tomates marocaines connaissent un succès grandissant sur le marché français, provoquant la colère des producteurs locaux. Entre protestations sur le terrain, pressions politiques et débats sur les accords commerciaux, ce produit phare des exportations marocaines met en lumière les difficultés du secteur agricole français face à la concurrence étrangère. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 01/12/2025 à 19h23

En France, la pression sur les tomates marocaines s’intensifie, alors que ces produits continuent de conquérir le marché européen. Depuis plusieurs années, les tomates marocaines, en particulier la tomate cerise, connaissent un succès croissant en France, séduisant par leur qualité et leurs prix compétitifs. «Ce phénomène provoque colère et réactions violentes chez les producteurs français, confrontés à des difficultés structurelles dans leur secteur, qui peinent à rivaliser avec les exportations marocaines», indique le quotidien Assabah du 2 décembre.

Les tensions se manifestent sur plusieurs fronts. Les agriculteurs français ont multiplié les actions de protestation, allant des campagnes médiatiques aux interventions directes sur le terrain. Des mouvements de contestation ont été observés dans des plateformes logistiques et des supermarchés, où les producteurs dénoncent ce qu’ils considèrent comme une concurrence déloyale liée aux prix bas des tomates marocaines. Ces actions reflètent la frustration d’un secteur agricole en crise.

Le conflit dépasse le cadre strictement agricole pour prendre une dimension politique. Les producteurs français ont exercé une pression croissante sur les autorités nationales et européennes afin de réexaminer les accords commerciaux conclus avec le Maroc. Ces accords, qui permettent aux tomates marocaines de bénéficier d’une exonération partielle des droits de douane, sont perçus par certains acteurs français comme déséquilibrés, offrant un avantage considérable aux producteurs étrangers par rapport aux agriculteurs locaux. Cette situation a conduit à des interpellations politiques, avec des parlementaires français demandant un rééquilibrage des accords commerciaux pour protéger le secteur national, lit-on.

Les chiffres montrent l’ampleur de la présence marocaine sur le marché français. Chaque année, la France importe près de 395 000 tonnes de tomates du Maroc, dont environ 285 000 tonnes bénéficient d’exonérations douanières. Ce volume représente une part importante des exportations agricoles marocaines vers la France et illustre le rôle stratégique de la tomate dans les échanges commerciaux bilatéraux. «La tomate cerise, en particulier, profite de cette dynamique, car sa demande est en forte croissance sur le marché français, notamment dans la grande distribution et les circuits de vente directe», explique Assabah.

Le débat autour des tomates marocaines illustre un enjeu plus large pour l’agriculture française: comment concilier l’ouverture des marchés et la compétitivité des producteurs locaux. La question dépasse le simple cadre des prix et des volumes, touchant à la survie de certaines filières fragilisées et à la capacité de l’agriculture française à maintenir un tissu économique rural dynamique. Les producteurs français estiment que sans mesures correctives, ils risquent de perdre progressivement des parts de marché face à des importations massives bénéficiant de conditions commerciales avantageuses.

En parallèle, ce conflit met en lumière la complexité des relations économiques entre l’Europe et le Maroc. Si le libre-échange permet aux consommateurs français d’accéder à des produits diversifiés à des prix attractifs, il entraîne également des tensions pour les filières locales qui doivent s’adapter rapidement à une concurrence accrue.

Les producteurs marocains, quant à eux, poursuivent leur stratégie d’exportation, profitant d’une demande européenne soutenue, tandis que les autorités françaises et européennes se trouvent confrontées à un dilemme : favoriser le commerce international ou protéger les intérêts de leurs agriculteurs, au risque de tomber dans un protectionnisme injustifié.

Par La Rédaction
Le 01/12/2025 à 19h23