Quand El Othmani se cache derrière Jared Kushner

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Revue de presseKiosque360. El Othmani, qui rencontrait, samedi, les élus du son parti à Agadir, a surpris tout le monde en évoquant le «Deal du siècle» de Jared Kushner. Il a éludé des priorités comme le remaniement ministériel, les problèmes socioéconomiques et le sujet brûlant des libertés individuelles.

Le 30/09/2019 à 21h20

Tout le monde s’attendait à ce que Saâd-Eddine El Othmani informe les citoyens sur l'avancement des concertations sur le remaniement ministériel auquel a appelé le roi il y a plusieurs semaines. Mais l’homme avait la tête ailleurs. A défaut d’informations sur ce sujet, la population s’attendait à ce que le chef du gouvernement se focalise sur les problèmes que connaît le pays dans plusieurs secteurs comme la santé et l’enseignement. Mais l’homme, apparemment déconnecté de la réalité amère des citoyens, a préféré verser dans la fiction et la démagogie. Le chef du PJD qui rencontrait, samedi dernier, les élus du parti à Agadir a choisi, comme toujours, de résoudre le problème de la Palestine par la rhétorique et la critique. Il s’en est pris à Jared Kushner, le conseiller du président américain Donald Trump, qui a invité des personnalités marocaines à assister à son exposé sur l’avenir du Moyen Orient à New York.

Le patron islamiste a usé de tout son lexique populiste pour tirer à boulets rouges sur les journalistes et les politiques marocains qui ont répondu présent à cette invitation. Il a affirmé que «le Maroc ne pouvait accepter ce deal» pour s’ériger en avocat de la cause palestinienne, croyant ainsi détourner l’opinion publique de ses préoccupations socioéconomiques et politiques. Au cours de cette rencontre, El Othmani a à peine effleuré le sujet des libertés individuelles qui occupe les devants de l’actualité, tout en jouant sur les mots: «Nous sommes par nos principes, notre histoire et notre Constitution des musulmans qui marquent leur attachement aux constantes religieuses».

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 1er octobre, qu’El Othmani a affirmé qu’une commission ordonnée par le souverain et comprenant le ministère des Habous, le Conseil supérieur des oulémas et le CNDH, devra statuer sur les sujets des libertés individuelles. Et le patron du PJD de préciser que cette commission fera la plupart des réformes dans le cadre des constantes religieuses. 

Les propos d’El Othmani font suite aux violentes attaques des fondamentalistes contre les propositions de la Fédération de la gauche démocratique appelant à la modification des textes du code pénal relatifs aux libertés individuelles. Le chef des islamistes a éludé ce sujet après la vague de critiques proférées contre certaines lois à cause d’arrestations inhérentes à la vie privée, d’autant que le courant de l’islam politique s’est trouvé, lui-même, empêtré dans ces «délits».

D’ailleurs, plusieurs voies de l’intérieur du PJD se sont élevées pour demander de faire des efforts de réflexion (Ijtihad) et de dépasser le rigorisme sur ce sujet. Le patron du PJD a, par ailleurs, consacré une partie importante de son intervention pour s’attaquer au RNI, dont le seul tort est d’avoir mobilisé 5.000 jeunes lors de son université d’été. El Othmani, qui a été probablement impressionné par les moyens financiers et logistiques mobilisés par le parti de la Colombe, a trouvé un parfait coupable: l’administration. «Des éléments de l'administration et non pas toute l’administration contribuent à pourrir la vie politique en soutenant des partis politiques contre d’autres», a-t-il ainsi affirmé.

Par Hassan Benadad
Le 30/09/2019 à 21h20