On en sait un peu plus sur le projet de résolution qui sera soumis au vote ce mercredi 31 octobre par les Quinze membres du Conseil de sécurité. Le texte de la résolution, consulté par le360, est généralement positif pour le Maroc, même s'il stipule la prorogation du mandat de la Minurso pour six mois seulement (jusqu'au 30 avril 2019), contre la recommandation du SG de l'ONU et l'avis de la France, partisans du renouvellement dudit mandat pour une année supplémentaire. La main de John Bolton, proche collaborateur du président Donald Trump, a certainement pesé dans la rédaction de ce texte, dont les Etats-Unis sont d'ailleurs le porte-plume. Wahsington veut à travers l'écourtement du mandat de la Minurso maintenir la pression sur les parties au conflit, dont l'Algérie, citée en tant que pays voisin et non plus à titre d'observateur, afin de revenir à la table des négociations.
Jamais l'Algérie n'a été autant citée dans une résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara comme dans le présent texte. L'Algérie est citée à trois reprises dans la résolution du Conseil de sécurité, sans compter les très nombreuses fois où il est fait référence "aux voisins". Ce qui remet au devant de la scène la nécessité impérieuse pour ce pays de s'impliquer davantage en vue d'une solution politique sur la base "de l'esprit de réalisme et de compromis". Une expression à forte teneur politique et qui rompt avec les slogans chers à la propagande du voisin de l'est.
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Le texte de la résolution, qui balaie d'un revers de la main l'option "référendaire" prônée par le tandem Alger-Polisario, insiste clairement sur la nécessité de remettre sur les rails le processus politique engagé en 2007, mais bloqué depuis mars 2012, en raison justement du cramponnement du polisario et de son mentor algérien à l'option "indépendantiste" jugée "irréaliste" et "irréalisable" par l'ancien diplomate néerlandais Peter van Walsum. A cet effet, le Conseil de sécurité affirme, via le texte de résolution, "encourager les parties à faire preuve d'une volonté accrue en faveur d'une solution, notamment en approfondissant leurs discussions sur les propositions des uns et des autres (...) dans un esprit de réalisme et de compromis", exhortant par la même occasion "les pays voisins à contribuer davantage au processus politique".
Fait digne d'attention, le texte de la résolution lie la stabilité et le développement du Maghreb (notamment par la création d'emplois) à l'incontournable issue politique à trouver au conflit. Autrement dit, le conflit du Sahara est clairement pointé du doigt comme un facteur qui empêche le développement du Maghreb et peut concourir à l'instabilité et à l'insécurité des pays maghrébins.
Voici ce que dit littéralement le texte à cet effet: "la recherche d'une solution politique à ce différend de longue date et d'une coopération renforcée entre les États membres de l'Union du Maghreb Arabe, contribuerait à la stabilité et à la sécurité, générant à son tour des emplois, une croissance et des opportunités pour tous les peuples de la région du Sahel".
Autre point à retenir: le texte de la résolution affirme "prendre note" de la décision du front Polisario de s'abstenir de "tout transfert de ses bâtiments administratifs" dans la zone tampon, comme cela lui a été recommandé dans le dernier rapport du SG de l'ONU. Le Conseil de sécurité prend donc fait et cause pour l'injonction d'Antonio Guterres et interdit au Polisario de déplacer son administration à Bir Lahlou qui se situe dans la zone tampon. Autre injonction du Conseil de sécurité sans appel: le rappel au Polisario de respecter ses obligations, et la précédente résolution 2414 (2018), et de se retirer définitivement de Guerguerat.
Autre point à souligner, le texte de la résolution salue à nouveau le bien-fondé de l'Initiative du Maroc pour octroyer un statut d'autonomie au Sahara, tout en se félicitant des "efforts crédibles et sérieux" du Royaume pour trouver une solution politique au conflit. Par la même occasion, elle affirme prendre note de la proposition du Polisario présentée le 10 avril 2007. Le texte souligne à cette effet "prendre note de la proposition marocaine présentée le 11 avril 2007 au Secrétaire général" et "se félicite des efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus vers la résolution de ce problème". Le texte indique par la même occasion "prendre note de la proposition du polisario présentée le 10 avril 2007 au Secrétaire général".
Sur le registre des droits de l'Homme, le même texte souligne le rôle constructif du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) à travers ses antennes à Laâyoune et à Dakhla. Il faut noter que le CNDH a été ignoré dans les deux derniers rapports du SG de l'ONU, Antonio Guterres. Cet organisme crédible fait un retour en force dans l'instance décisive des Nations Unies. Le CS "se félicite à cet égard des mesures et initiatives prises par le Maroc et du rôle joué par le Conseil national des droits de l'homme agissant à Dakhla et Laâyoune, ainsi que de l'interaction du Maroc avec les procédures sépciales du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU".
Même si le texte de la résolution du Conseil de sécurité est globalement positif pour le Maroc, il n’en demeure pas moins que le renouvellement du mandat de la Minurso de seulement six mois demeure un revers pour la diplomatie conduite par Nasser Bourita. La durée semestrielle du mandat de la Minurso va imposer avec davantage d’acuité le dossier du Sahara au Conseil de sécurité et pourrait générer des pressions sur le Maroc.