Présidentielle algérienne: quand l’imagination (morbide) du régime accouche d’un «complot» franco-marocain

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP.

Gaïd Salah, chef d'état-major de l'ANP. . DR

Après avoir tenté de diaboliser des millions de manifestants algériens, qualifiés de «traîtres à la nation» pour avoir exprimé une volonté de démocratie, le régime vert-kaki accuse sans les nommer la France et le Maroc de vouloir "saborder" la présidentielle du 12 décembre. Décryptage.

Le 07/12/2019 à 12h12

À cinq jours du simulacre de scrutin présidentiel, le régime militaire algérien sort de son attirail le vieux-nouveau disque de «l’ennemi extérieur». Une cartouche usée et donc sans effet aucun sur le combat pacifique des manifestants anti-régime, traités pêle-mêle de «traîtres à la Nation» pour avoir simplement exprimé leur aspiration à l’instauration d’un État civil, et donc le repli des militaires (naturellement) vers leurs casernes.

«À l’approche des élections présidentielles du 12 décembre 2012, les services de renseignement algériens mettent en échec deux plans de déstabilisation dans des opérations menées simultanément», rapportent des médias algériens, sans le moindre discernement.

Selon ces supports, à la botte du Général Gaïd Salah, qui s'autorise à les "noter" selon le degré d'allégeance à l'état-major de l'armée, le premier plan aurait été ourdi par le «Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie» (MAK, dont les ficelles seraient tirées par le Maroc, comme l’a toujours allégué, du haut de son imagination morbide, ce régime (sciemment) parano!), et le second, par la France, qui s’est vu attribuer l’intention de vouloir «infiltrer» la campagne du candidat de l’ancien premier ministre, Ali Benflis, à la présidentielle du 12 décembre prochain.

«Le peuple du 22/2 (référence faite aux manifestations anti-régime initiées le 22 février 2019) n’est pas dupe et va bientôt vous dégager», a rétorqué ce correspondant algérien de TV5 Monde, Khaled Drareni, connu pour son ton acerbe sur la prédation des hommes en uniforme. 

S’agissant du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), dont le fondateur Ferhat Mehenni vit exilé à Paris, il est accusé d’avoir mis en place un plan visant à «déstabiliser la capitale Alger et la région de la Kabylie" et, du même coup, entraver le déroulement dudit scrutin présidentiel!

Il est vrai que le Maroc n’est pas cité nommément sur cette fausse-vraie affaire, force est de constater qu’il y a toujours été associé, à tort bien sûr, même si le régime voisin continue de s’autoriser à apporter un soutien multiforme au front séparatiste du polisario, y compris la fourniture des armes!

Quant à la France, qui n’est pas non plus pointée expressément, le renseignement du régime algérien évoque «l’implication» d’un «diplomate étranger» dans une tentative d’infiltration de la campagne du candidat Ali Benflis, à des fins occultes dont seul le régime non moins occulte détient les secrets! 

Risible! 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 07/12/2019 à 12h12