Il est commandant de la Gendarmerie royale depuis plus de 45 ans. Et jusqu’au bout, il aura été d’une intégrité sans faille, d’un dévouement rarement égalé et d’une redoutable efficacité. Si la Gendarmerie est aujourd’hui un des services de sécurité les plus modernes du pays, c’est grâce à lui. Natif d’El Jadida, ce bel homme, grand athlète au demeurant, a marqué de son empreinte ce corps militaire connu tant par son grand ancrage que par la grande efficacité de ses actions. Ce n’est pas pour rien qu’il figure parmi les officiers les plus gradés des Forces armées royales (FAR), avec des noms comme feux Abdelaziz Bennani et Abdelhak Kadiri, ainsi que Bouchaïb Arroub. C’est d’ailleurs au côté de ce dernier que le général Benlimane a été reçu, lundi, au Palais royal de Rabat, par le roi Mohammed VI.
Plus qu’un moment solennel de passer le flambeau, la réception a été également un moment d’hommage à celui qui a pris les commandes de la Gendarmerie royale en 1972 pour ne plus quitter cette fonction. Jusqu’à aujourd’hui, date à laquelle il a marqué son départ à la retraite. Il a été remplacé par Mohamed Haramou, actuel commandant du groupement d’escadrons d’honneur de la Gendarmerie royale.
Lutte contre le terrorisme, la culture et le trafic de drogue, la contrebande, la corruption, défense de l’intégrité territoriale et des frontières du royaume, surveillance du territoire maritime du pays, sûreté, ordre public et même recherche scientifique… Hosni Benslimane aura été de toutes les grandes guerres qu’a menées le Maroc au cours de la deuxième moitié du siècle dernier et de ce siècle. Lui qui a entamé sa carrière en tant que simple gendarme en 1957 avant de gravir tous les échelons et de se retrouver à la tête de plus de 24.000 hommes. Lauréat de la première promotion des FAR en 1957 à la prestigieuse École de Saint-Cyr en France, son avenir a été, faut-il le dire, tout tracé. Il a même été nommé commandant des Forces auxiliaires, directeur de la DGSN (police) et gouverneur à Tanger puis à Kénitra. Et il s’en est toujours sorti avec les honneurs.
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L’histoire retiendra qu’alors gouverneur de Tanger, il avait lancé en 1971, depuis Radio Tanger, des messages de soutien à la monarchie quand les mutins annonçaient sa chute à Rabat lors du coup d’État de Skhirate. Il deviendra dès lors l’homme de confiance de feu le roi Hassan II et, après lui, du roi Mohammed VI.
On se souviendra également que c’est grâce à la Gendarmerie royale, sous la conduite de Hosni Benslimane, qu’une affaire aussi lourde que celle du commissaire Tabit, le tristement célèbre policier qui compila, 10 ans durant, des enregistrements pornographiques de plus de 500 femmes, de personnalités politiques et médiatiques et de célébrités, a été révélée. Notons aussi que c’est sous la supervision de la Gendarmerie royale, département de tutelle du Centre national de télédétection spatiale, que le Maroc a envoyé son premier satellite dans l’espace.
Hosni Benslimane, c’est aussi une grande histoire d’amour avec le sport. Ainsi, peu savent que c’est un ancien footballeur. De 1958 à 1961, il a occupé le poste de gardien de but pour le compte de l’AS-FAR, club avec lequel il a même remporté une coupe du Trône en 1959, un championnat national de première division deux ans plus tard et deux Super coupes du Maroc en 1959 et 1961.
Bien plus tard, en 1994, il a été nommé président de la Commission provisoire chargée de la gestion du football marocain. De 1994 à 2009, il a également occupé le poste de président de la Fédération royale marocaine de football et, last but not the least, il a présidé le Comité national olympique marocain (CNOM) de 1993 à mai 2017, ainsi que le club des FAR. Un parcours sportif dans lequel il a bien brillé, notamment en portant secours, à chaque fois que c’était nécessaire, à des sportifs en détresse.
Son départ à la retraite est aussi le signe de la fin d'une époque. Hosni Benslimane est le dernier des hauts gradés de Hassan II qui était encore en activité. Une nouvelle page s'ouvre et elle accueille des compétences plus jeunes, qui rompent avec les pratiques anciennes.