Polémique autour du KCI: Bouanou dénonce un «scandale» au ministère de la Santé

Selon le député Bouanou, le ministère de la Santé aurait confié le marché du Chlorure de potassium (KCI) au laboratoire Pharmaprom, propriété du ministre Mohamed Saad Berrada, en lui délivrant une autorisation temporaire d’utilisation.

Le député Abdellah Bouanou a jeté un pavé dans la mare au Parlement en dénonçant un «scandale» au ministère de la Santé autour du Chlorure de potassium (KCl), mettant en avant un soupçon de conflit d’intérêts impliquant un membre du gouvernement. Le ministère a réagi par communiqué, affirmant que toutes les autorisations d’importation ont été accordées légalement et en toute transparence.

Le 14/11/2025 à 14h42

Le député Abdellah Bouanou a secoué hier le Parlement en dénonçant ce qu’il a qualifié de «scandale» au sein du ministère de la Santé et de la Protection sociale. Selon lui, ce ministère semble aujourd’hui davantage préoccupé par la gestion des marchés publics que par la santé des citoyens.

Le député a pris pour exemple la gestion du Chlorure de potassium (KCl), un médicament indispensable en réanimation, chirurgie et anesthésie, dont la disponibilité est cruciale pour la stabilisation des fonctions vitales des patients. Face à une pénurie temporaire due à l’arrêt momentané de la production nationale pour extension et mise à niveau de l’unité industrielle locale, le ministère aurait, selon Bouanou, confié le marché à un autre membre du gouvernement possédant une entreprise pharmaceutique, en lui délivrant une autorisation temporaire d’utilisation (ATU). Il n’est pas nécessaire d’être Colombo pour constater que Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Éducation nationale, est le seul membre du gouvernement ayant des intérêts directs dans le secteur pharmaceutique via son laboratoire Pharmaprom.

Bouanou a également critiqué la qualité du produit importé de Chine par l’entreprise du ministre, les notices étaient illisibles pour les professionnels de santé, ce qui a conduit au retrait du médicament du marché. Il dénonce ce qu’il considère comme un mélange dangereux de conflits d’intérêts et de manque de transparence, affirmant que ces pratiques mettent en péril les patients et trahissent la confiance du corps médical dans le ministère.

En réponse, le ministère a publié un communiqué dans lequel il rejette fermement les accusations de monopoles ou de favoritisme. Il précise que la pénurie du KCl était exclusivement liée à l’arrêt temporaire de la production pour mise à niveau de l’unité industrielle locale. Pour garantir la continuité des traitements, l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé (AMPPS) a accompagné l’entreprise concernée pour accélérer la reprise de la production et a soutenu un autre opérateur local pour produire la même substance, ajoute le communiqué.

Le ministère souligne que les autorisations temporaires d’importation ont été accordées à plusieurs entreprises respectant strictement les critères légaux et techniques. Toutes les acquisitions, ajoute-t-il, se font via des appels d’offres transparents, ouverts aux entreprises nationales, sans privilège ni traitement de faveur. Les centres hospitaliers universitaires, bénéficiant d’une autonomie administrative, appliquent également les mêmes règles pour garantir l’intégrité des achats.

Sur sa page Facebook, Bouanou a vivement critiqué ce «communiqué de minuit», diffusé alors que le Parlement examinait les amendements du Projet de Loi de Finances 2026. Selon lui, le texte est «vague et dénué d’informations utiles», et constitue une tentative de «faire taire le débat parlementaire et de tromper l’opinion publique».

Le député du parti de la Lampe insiste sur la nécessité de publier la liste complète des entreprises bénéficiaires des ATU et des noms de leurs propriétaires pour assurer une véritable transparence. Il propose également la création d’une commission parlementaire d’enquête pour clarifier la gestion des marchés de médicaments et renforcer la confiance des citoyens dans le système de santé.

La polémique autour du KCI met en lumière les tensions persistantes autour de la gestion des médicaments au Maroc. Elle soulève des questions sur la gouvernance, la transparence et la souveraineté pharmaceutique, alors que le pays cherche à sécuriser son approvisionnement national et à protéger les citoyens contre les pénuries et les produits de qualité incertaine.

Par Wadie El Mouden
Le 14/11/2025 à 14h42