Les islamistes du PJD n’ont pas pardonné à la députée Amina Maelainine, qui est allée s’afficher sans voile dans la ville des lumières, sa «trahison idéologique». Après l’avoir longuement sermonnée et auditionnée par une commission où elle a été traitée comme une délinquante, les faucons du parti n’ont cessé de la priver de toutes les fonctions qu’elle occupait au sein du Parlement. Débarquée du poste de septième vice-président de la Chambre des représentants, la professeure de philosophie s’est vu refuser, ce mardi, sa candidature à la vice-présidence de la Commission de la justice et de la législation.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mercredi 1er mai, que c’est Boutaina Karouri, l’épouse d’Abdelali Hamieddine, qui a été reconduite à ce poste. Désormais bannie de son groupe parlementaire, Maelainine n’a même pas été admise comme membre de cette Commission à la place de Maria Boujemaa, qui a pris sa place à la vice-présidence de la Chambre des représentants. Ce bannissement d’une femme dont le seul tort est d’avoir retiré son voile à Paris, lève le véritable voile sur le degré de radicalisme des islamistes du PJD. Exposée à la vindicte populiste de ses «frères», elle n’a trouvé aucun soutien dans cette corporation dominée par des hommes dont certains ne se gênent d'ailleurs pas pour s’exposer avec leurs compagnes ici et ailleurs. Un seul homme a défié les siens en venant à son secours et en la recevant chez lui.
L’inénarrable Benkirane a été on ne peut plus libéral sur le port du hijab en s’adressant à Maelainine: « Il fallait répliquer à tes détracteurs que le fait d’enlever le hijab à l’étranger ne concerne que toi. Dis-leur que, si ce choix ne plaît pas à ton mari, qu’il divorce, si tu dois à quelqu’un quelque chose, qu’il la reprenne, si tu as violé la loi, qu’on te juge, si tu n’as pas respecté un engagement avec le parti, qu’on te questionne. Mais, puisque le port du «foulard» n’est assujetti à aucun de ces facteurs, il s’agit donc d’une affaire personnelle qui ne dépend que de toi». Et l’ex-patron du PJD d’ajouter: «Si ma fille me dit qu’elle pense enlever le hijab, je lui dirai que cette décision n’appartient qu'à elle seule. J’ai souvent déclaré que le voile ne constituait pas une condition pour les femmes pour adhérer et militer au sein de notre parti. Nous avons d’ailleurs cherché des femmes qui ne portent pas de voile pour qu’elles soient candidates au sein du PJD».
Malgré la force de ses propos, le volatile Benkirane va faire profil bas dès que les faucons de son parti décideront de juger la députée. Ils ont même créé une commission qui s’est convertie en tribunal dirigé par l’intraitable Mustapha Ramid qui l’a déclarée coupable. Même le très gentil patron du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, s’est évertué à sermonner la pauvre Maelainine en martelant: «Personne n’est au-dessus de la loi et personne n’est au-dessus des organes du PJD ». Pour lui, la discipline du groupe prime sur tout autre comportement individuel: «Les membres du PJD ne sont pas des anges et le parti ne s’immisce pas dans leur vie privée. Mais il y a des règles à ne pas transgresser, sur lesquelles nous ne transigeons pas, notamment en matière d’intégrité». Coupable d’avoir levé le voile à Paris, Amina Maelainine n’est pas au bout de ses peines car les radicaux du parti ne la lâcheront pas, tant qu’elle continuera à leur tenir tête.