Pétrole: Guerraoui accuse Daoudi de dissimuler des chiffres

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Revue de presseKiosque360. Premier clash entre le gouvernement et le conseil de la concurrence. Le premier reproche au second de prendre des positions à caractère politique alors que le conseil accuse le gouvernement de le priver de données précises.

Le 17/02/2019 à 22h01

Premier clash entre le conseil de la concurrence, fraichement installé, et le gouvernement. A sa première sortie publique suite à une demande d’avis, le président du conseil de la concurrence a ouvertement accusé le gouvernement d’avoir occulté des documents précisant la marge des bénéfices des distributeurs des hydrocarbures. La réponse du gouvernement ne s’est pas faite attendre. Lahcen Daoudi, ministre chargé des Affaires générales du gouvernement, reproche au président du conseil de la concurrence d’avoir adopté «une position politique».

C’est un clash inédit entre les deux institutions, commente le quotidien Al Massae dans sa livraison du lundi 18 février. Le conseil de la concurrence a en effet commencé par critiquer le gouvernement pour avoir décidé de libéraliser le secteur des hydrocarbures dans un contexte qui ne s’y prêtait pas. L’unique raffineur national, la Samir, venait en effet de déclarer faillite et le conseil de la concurrence était paralysé par un vide juridique. Il n’en fallait pas plus à Lahcen Daoudi pour dicter sa sentence: «Le conseil de la concurrence est en train d’évaluer l’action du gouvernement et sa décision portant sur la question des hydrocarbures est une décision politique», a-t-il affirmé, cité par le journal.

Le ministre PJDiste va plus loin en déclarant au même quotidien que «le gouvernement rejette catégoriquement l’avis du conseil de la concurrence». De plus, ce dernier, a-t-il insisté, n’avait pas à évaluer l’action du gouvernement et sa décision de libéraliser les hydrocarbures: «Il devait se limiter à ce qui lui a été demandé, car chaque institution constitutionnelle a des prérogatives qu’elle ne doit pas outrepasser, et l’évaluation de l’action du gouvernement ne fait pas partie des siennes».

Cela dit, poursuit le journal, le ministre espère arriver à un accord à l’amiable avec les compagnies pétrolières sans avoir à activer l’article 4 de la loi relative à la liberté des prix et à la concurrence. Lequel article donne le droit au gouvernement de plafonner, pour une période de six mois renouvelable une seule fois, la marge des bénéfices des entreprises. Pour cela, le ministre devrait recevoir incessamment les représentants des distributeurs afin de négocier cet accord.

En même temps, note le journal, le ministre rejette l’argument avancé par le conseil de la concurrence selon lequel le plafonnement de la marge des bénéfices porterait atteinte à la libre concurrence et à la justice sociale. Le président du conseil avait également, rappelle le journal, accusé le gouvernement d’avoir refusé de lui soumettre les résultats d’une enquête qu’il a réalisée sur la marge des bénéfices des distributeurs des hydrocarbures portant sur la période 2015-2018. En l’absence de ce document, le conseil de la concurrence pourrait ne pas statuer, précise son président, faute de données précises.  

De toutes les manières, conclut le président du conseil, le plafonnement de la marge des bénéfices ne devrait en rien influer sur les prix à la pompe, ni préserver d’ailleurs le pouvoir d’achat des citoyens. La vraie solution, souligne-t-il, ne se trouve pas dans le plafonnement, mais dans la mise en place de mesures d’accompagnement au bénéfice des couches sociales les plus défavorisées.

Par Amyne Asmlal
Le 17/02/2019 à 22h01