Péril «VOX»: les Marocains d’Espagne inquiets

Santiago Abascal, leader de l'extrême droite espagnole.

Santiago Abascal, leader de l'extrême droite espagnole. . DR

Revue de presseKiosque360. L’extrême droite espagnole vient de faire une entrée fracassante au Parlement autonome de l’Andalousie. Les immigrés africains et musulmans, et particulièrement les Marocains, nombreux dans la région, ont de quoi s’inquiéter.

Le 04/12/2018 à 22h55

12 sièges sur 109, cela peut sembler très dérisoire. Cependant, avec ce score-surprise récolté dimanche dernier, le parti espagnol d’extrême droite, Vox, qui fait pour la première fois son entrée dans un parlement autonome, celui andalou en l’occurrence, devient un faiseur de majorité.

En effet, l’Andalousie, 8 millions d’habitants, qui était depuis quelque quatre décennies un fortin du Parti socialiste ouvrier espagnol, semble finalement virer à droite. Même si le PSOE y reste le premier parti local en termes de voix, c’est une coalition de droite qui le supplantera à travers une majorité qui sera probablement formée des conservateurs du Parti populaire, des libéraux du parti Ciudadanos et des antimigrants et néo-franquistes de Vox.

Comme à travers toute l’Europe, dont la presse a tressailli sous l’effet du «séisme extrémiste en Espagne», les médias marocains ne sont pas en reste. A l’image de cet éditorial d’Al Akhbar du mercredi 5 décembre qui exprime de fortes craintes face à la montée en puissance d’un parti qui prône ouvertement «l’expulsion des immigrés africains en général et musulmans en particulier, la fermeture de toutes les mosquées en Andalousie et le renvoi chez eux de tous les imams.»

Pour Al Akhbar, ce sont surtout les Marocains, opinion et autorités, qui sont inquiets face à l’entrée au Parlement andalou de Vox, un parti raciste qui a toujours fustigé la présence dans la région de plus de 120.000 Marocains, dont le quart dispose de la nationalité espagnole. Surtout que l’extrême droite andalouse a récolté l’écrasante majorité de ses voix dans la région d’El Ejido, de triste mémoire pour les migrants. Pour rappel, cette localité agricole dépendant d’Almeria qui attire une main-d’œuvre immigrée bon marché, a connu, en février 2000, une terrible semaine de chasse aux étrangers, dont des Marocains, après que les autochtones les ont accusés du meurtre de sept Espagnols.

C’est sur cette vague de haine contre les migrants que le parti Vox continue à surfer dans ses campagnes électorales. A l’image de la récente visite de ses dirigeants au préside occupé de Mellila, où ils ont exigé de cadenasser davantage les frontières pour empêcher toute infiltration illégale, tout en pointant du doigt le Maroc comme étant responsable de la ruée vers l’Espagne des migrants africains.

Certes, écrit Al Akhbar, Vox n’a pas eu suffisamment de voix pour imposer son programme extrémiste dans le sud espagnol, mais il y a lieu d’être inquiet de la montée d’un électorat espagnol de plus en plus réceptif au discours de la haine, raciale et religieuse, et du rejet de l’autre, surtout quand il est africain, musulman et donc marocain.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 04/12/2018 à 22h55