Se trompe celui qui croirait que l’influence spirituelle du Maroc sur l’Afrique date d’aujourd’hui. L’ancrage spirituel du royaume en Afrique prend racine dans la nuit des temps; des confréries, très influentes en Afrique, étant d’origine marocaine. La “Tariqa tijâniyya”, fondée en 1782 par Ahmed Tijani, illustre parfaitement le prestige spirituel que le royaume n’a eu de cesse d’exercer sur les fidèles africains. Le prestige est tel que des mourides africains continuent de prier dans les mosquées pour le souverain descendant du Prophète Mohammed, et considéré comme leur «Amir Al Moumine».
Il n’est donc pas étonnant de constater que le paramètre spirituel reste fort présent dans les tournées africaines de Mohammed VI. D’autant moins étonnant que ce paramètre déborde la sphère d’influence traditionnelle du royaume en Afrique de l’Ouest, pour englober même l’Afrique orientale anglophone. La récente visite de Mohammed VI en Tanzanie a été en effet marquée par le lancement de la construction, à Dar Essalam, d’une mosquée baptisée du nom du souverain.
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La fascination africaine pour le modèle religieux marocain, berceau du rite malékite prônant un «Islam du juste milieu», est inscrite dans la durée et reste ancrée dans la conscience collective africaine.
Or, force est de constater que l’impact spirituel du Maroc sur l’Afrique a redoublé d'intensité ces dernières années. Et pour cause, l’avènementt du péril jihadiste en Afrique et partout dans le monde. Les chefs d’Etat africains, pour rester uniquement dans la sphère africaine, sont de plus en plus nombreux à solliciter l’aide du Maroc pour contrer les effets désastreux de la flambée jihadiste. La création de l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams, en 2015 à Rabat, répond justement à cette préoccupation africaine accrue. Une centaine d’imams entre autres du Mali, de Guinée-Conakry, du Sénégal et de Côte d’Ivoire prennent actuellement leurs quartiers à l’Institut Mohammed VI, à la charge du Maroc.
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Et ce n’est pas tout! Les menaces qui pèsent sur l’Afrique orientale, venant de groupes terroristes comme les Chebab somaliens et autres jihadistes dans la Corne de l’Afrique, ont poussé plusieurs pays anglophones comme le Kenya, l’Ethiopie et la Tanzanie à s’intéresser au modèle marocain.
Le Maroc s’impose aujourd’hui comme le maillon fort de la lutte anti-extrêmiste, en Afrique comme partout ailleurs. Le royaume a compris que l’approche sécuritaire ne suffit pas pour lutter contre le terrorisme, qu’il faut aussi combattre sur le terrain des idées en cultivant les vraies valeurs de l’Islam, sans oublier le terrain social, la pauvreté étant un terreau propice à l’extrémisme.