Mais qu’est-ce qui fait tourner Christopher Ross à Fès?

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L’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross, a été aperçu, hier jeudi, en balade privée dans la médina de Fès. Faisait-il du tourisme «diplomatique»? La capitale spirituelle lui aurait-elle inspiré de bonnes idées pour relancer les négociations ?

Le 27/11/2015 à 15h01

Entre deux voyages à Alger et à Rabat, Christopher Ross a trouvé le temps de «se ressourcer» à Fès où il a été aperçu, hier jeudi, sillonner les ruelles de la médina en faisant un détour par le Centre culturel américain, dont il a été anciennement le directeur.

L’escale de l’émissaire onusien pour le Sahara à Fès n’était à l’évidence pas inscrite à l’agenda de son déplacement à Rabat où il a été reçu, mercredi dernier, par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Salaheddine Mezouar. Elle résonne comme un «voyage d’adieu» pour ce diplomate qui se prépare à rendre la tablier courant 2016, après avoir échoué à faire bouger les lignes du contentieux saharien.

Car, faut-il le rappeler cette énième tournée de Ross dans la région n’a rien apporté en dehors de cette audience surmédiatisée par une presse algérienne incroyablement anti-marocaine entre lui et le président Bouteflika qui semble avoir retrouvé des forces pour nous «taquiner» sur la première cause nationale, la marocanité du Sahara.

Parlons clair, parlons vrai : il est inconcevable que l’Envoyé du SG de l’ONU pour le Sahara ait donné la primeur de sa nouvelle tournée à l’Algérie, celle-là même que l’ancien ambassadeur US à Alger disait «neutre» à l’égard du conflit saharien, quand bien même il saurait qu’Alger est partie prenante à ce conflit et qu’elle constitue une grande «partie du problème, pas de la solution».

Alors pourquoi faire ce cadeau à un président disparu des écrans radars depuis longtemps et dont la santé chancelante préoccupe énormément l’opinion publique algérienne au point de douter de sa capacité à gouverner un pays à la dérive ?

Pourquoi Ross a-t-il pu bénéficier d’une audience accordée par le chef d’Etat d’un pays excipant de sa fausse «neutralité» dans le conflit saharien alors qu’il a été reçu, mercredi dernier au Maroc, partie au conflit, par le ministre Mezouar, et bien avant par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération ?!

Il apparaît à l’évidence que monsieur Ross, désavoué par Rabat en 2013, a sacrifié, lors de ce nouveau périple, sa crédibilité ou ce qu’il en restait en allant «se jeter dans les bras» d’un président-fantôme.

Pas plus tard que dimanche dernier, ce même Bouteflika recevait, sous les objectifs des caméras, et en présence du chef d’état-major de l’armée algérienne, Gaïd Salah, le chef du Polisario, pardon, son excellence le «président de la RASD». Le président algérien, qui s’est vu diagnostiquer un fâcheux AVC en 2013, semble n’en avoir de «forces» que pour nous titiller sur notre intégrité territoriale!

Ni l’effet d’avalanche que provoque le plongeon des prix du pétrole, qui ont réduit de moitié les recettes algériennes en devises n’ont inquiété le président, ni ces alertes à répétition sur une «explosion sociale à l’horizon 2017», pas plus d’ailleurs que la flambée terroriste qui se propage comme un feu de pré dans la région… encore moins cette demande d’audience qui lui a été adressée par 19 personnalités algériennes, à laquelle le cabinet de la présidence algérienne n’a même pas daigné répondre … Le président bouteflika n’a plus d’yeux que pour son vieux «pote» Mohamed Abdelaziz qui a été reçu avec les «honneurs d’un président» … En effet, c’est la fin de la politique pour ne pas dire de l’histoire. Il était une fois…

Par Ziad Alami
Le 27/11/2015 à 15h01