Plantons le décor. Rabat, et plus précisément la Chambre des Conseillers, accueille actuellement une rencontre parlementaire internationale qui a choisi comme thème de débat: «Faciliter le commerce et l’investissement dans la région de la Méditerranée et en Afrique».
Selon la MAP, cette rencontre est «organisée les 8 et 9 octobre à l'initiative de la Chambre des conseillers, de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).» Parlementaires méditerranéens, représentants d’organisations régionales et internationales, opérateurs économiques marocains et étrangers y ont été conviés.
Rien de plus normal jusqu’ici, sauf que c’est la présence à cette rencontre de parlementaires israéliens et, surtout, du membre travailliste de la Knesset, Amir Peretz, qui a mis le feu aux poudres. Qui est derrière cette invitation de l’ancien ministre israélien de la Défense?
Pour le groupe du Parti de la justice et du développement à la Chambre des conseillers, cela ne fait aucun doute. C’est le PAMiste Hakim Benchamass, et lui seul, qui a invité secrètement les Israéliens au Maroc. Ils en donnent pour preuve leur accueil en grande pompe par le président de la Chambre des conseillers.
Selon les quotidiens Al Akhbar et Al Ahdath El Maghribia de ce mardi 10 octobre, Hakim Benchamass nie catégoriquement avoir invité qui que ce soit à cette rencontre. Selon lui, et d’après des propos rapportés par Al Akhbar, ce sont l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée et l’Organisation mondiale du commerce qui sont les organisatrices de cette rencontre, que le Maroc accueille. Benchamass s’est dit incapable, au regard du droit international et de la pratique diplomatique, d’empêcher des parlementaires méditerranéens de participer à cette rencontre.
Selon Al Ahdath Al Maghribia, le président de la Chambre des conseillers a accusé ses ennemis jurés du PJD de «double langage dans le discours» et de «prises de positions qui visent à induire l’opinion publique en erreur». Le quotidien ajoute que Benchamass a sorti un communiqué dans lequel il fustige la «démagogie» de certains parlementaires, mais sans jamais les nommer, ne manquant pas de préciser que les membres du PJD ont régulièrement participé à des rencontres internationales aux côtés de délégations israéliennes.
Pour sa part, le quotidien Al Massae du 10 octobre ajoute qu’une vague de contestations, à laquelle ont participé des élus de la Confédération démocratique du travail, a eu lieu au sein même du Parlement pour fustiger la présence d’Amir Peretz. Qualifié de «criminel de guerre», il aurait même été encerclé et verbalement pris à partie par des parlementaires marocains, sous les yeux attentifs des autres membres des délégations présentes.
Al Massae ajoute que l’avocat Khalid Sefiani, militant dans une association de soutien au peuple palestinien, avait exprimé son intention de déposer une plainte, auprès du procureur du roi, contre les «crimes» commis par Amir Peretz, du temps où il était ministre de la Défense d’Israël.
Mais Amir Peretz a beau être d’origine marocaine, il n’est pas pour autant justiciable devant les tribunaux marocains, ni même la CPI, plus compétente pour les actes inhumains qui lui sont attribués durant la guerre du Liban de 2006.