La séance parlementaire de ce lundi 17 novembre a offert un nouveau cadre aux vives tensions entre le gouvernement et l’opposition, le dossier de l’emploi étant une fois encore au cœur des joutes oratoires. Interpellé par le groupe socialiste (USFP), le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, a présenté un bilan en demi-teinte. Il a fait état d’un recul du taux de chômage, passant de 13,7% à 12,8%, tout en reconnaissant un taux de 13,1% au cours du troisième tiers de l’année en cours.
Bien que modeste, cette tendance à la baisse a été présentée par le ministre comme un «indicateur positif», obtenu dans un contexte économique national fragilisé par la sécheresse et ses répercussions sur le marché du travail, rapporte Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 19 novembre. Younes Sekkouri a également mis en avant la création de près de 160.000 emplois au cours de l’année 2025, répartis principalement entre les secteurs de l’industrie, des services, du bâtiment et des travaux publics. Il a souligné le déploiement progressif d’une nouvelle feuille de route pour l’emploi, dont les premiers effets devraient notamment se faire sentir via le programme d’insertion professionnelle «Tadaroj», conçu pour les jeunes diplômés en quête d’une première expérience.
Ces explications n’ont toutefois pas convaincu les rangs de l’opposition. Celle-ci a immédiatement contre-attaqué en pointant du doigt les retards significatifs affectant le programme stratégique des «Cités des métiers et des compétences», pierre angulaire de la réforme de la formation professionnelle lancée en 2019. Le ministre a concédé que ce chantier phare avait effectivement pâti d’un «retard significatif» au cours des deux dernières années, imputable à la flambée sans précédent des coûts des matériaux de construction en 2021 et 2022, qui a conduit à l’arrêt de nombreux chantiers.
Pour y remédier, le gouvernement, en partenariat avec l’OFPPT, a annoncé l’injection de ressources financières supplémentaires afin de compléter le budget initial de 3,9 milliards de dirhams. Cette mesure corrective aurait déjà permis l’ouverture de nouveaux établissements dans plusieurs régions, avec pour objectif affiché une finalisation du projet d’ici 2026, sous réserve d’une amélioration continue des conditions techniques et financières.
En dépit de ces clarifications, l’opposition parlementaire maintient sa position, fustigeant des chiffres qu’elle qualifie d’«irréalistes, erronés et fallacieux», en décalage patent, selon elle, avec la réalité vécue par les citoyens, relaie Al Ahdath Al Maghribia. Ses groupes soulignent qu’un taux de chômage de 12,8% représente près de 1,6 million de personnes sans emploi, parmi lesquelles figure un nombre alarmant de lauréats des universités et de diplômés de l’enseignement supérieur. Enfin, des réserves ont été émises concernant les 39.000 opportunités d’emploi récemment annoncées, une grande partie de celles-ci étant suspectées de relever de contrats précaires ou de simples programmes de formation, sans garantie de pérennité.








