Le roi ordonne une refonte totale des programmes sociaux

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Le volet social a été au centre du discours adressé à la Nation ce dimanche par le roi Mohammed VI, à l'occasion du 19e anniversaire de l'intronisation du souverain. Une feuille de route définie par le roi pour une remise à plat complète des dysfonctionnements sociaux dans des délais contraignants.

Le 30/07/2018 à 07h16

D'emblée, le roi met en garde contre les cris d'orfraie "des marchands d'illusions" rôdant autour de la patrie dans le dessein désespéré de susciter la "fitna" parmi les citoyens. "Les vrais Marocains ne permettront pas aux négativistes, aux nihilistes et autres marchands d’illusions d’user du prétexte de certains dysfonctionnements, pour attenter à la sécurité et à la stabilité du Maroc ou pour déprécier ses acquis et ses réalisations", a souligné le roi Mohammed VI, dans son discours à la Nation prononcé ce dimanche 29 juillet au soir, à l'occasion du 19e anniversaire de l'intronisation du souverain.

Un travail de remise à plat des "dysfonctionnements sociaux" s'impose toutefois pour répondre aux préoccupations des citoyens, qui sont aussi celles de la plus haute autorité du royaume. «Il est insensé que plus de cent programmes de soutien et de protection sociale, de différents formats et se voyant affecter des dizaines de milliards de dirhams, soient éparpillés entre plusieurs départements ministériels et de multiples intervenants publics", constate le roi, pointant "un manque de coordination entre le l'Exécutif et les partis politiques", appelés à opérer une véritable cure d'"autocritique" pour jouer le rôle qui leur échoit dans l'encadrement et l'accompagnement du citoyen.

Le souverain veut que le registre social unifié soit la clé pour remettre à plat complètement la plateforme sociale. Pour précision, le projet du registre social unifié vise à instaurer une démarche de ciblage des familles bénéficiaires entre autres du programme "Tayssir" et de "l'opération 1 million de cartables", déjà pointés dans le rapport de la Cour des comptes sur le Fonds de cohésion sociale.

Autre priorité fixée par le souverain concerne le Régime d'assistance médicale (RAMED), dont les dysfonctionnements doivent être "corrigés" au plus vite pour assurer, au nom de la justice sociale appelée des voeux du souverain et du peuple, le droit de tous les citoyens à l'accès aux soins.

Idem pour l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH 3), appelée à passer à la vitesse supérieure et se hisser au niveau des attentes populaires.

Récapitulons: le roi invite le gouvernement à prendre de la hauteur et fixe le cap des chantiers sociaux prioritaires: aide à la scolarisation, INDH3, refonte du RAMED… des mesures sociales d’urgence ordonnées par le roi pour la rentrée prochaine. Autrement dit, le roi non seulement décline le nouveau modèle économique et social, mais fixe les délais de sa réalisation. Les délais impartis à cette refonte comptent parmi les points les plus contraignants de ce discours et ne laissent aucune place à l’attentisme ou à l’inaction. 

Le roi dévoile les premiers axes du nouveau modèle social et économiquePragmatique, le souverain donne un contenu à ce qui se révèle être le nouveau modèle économique et social. En attendant les autres pièces du nouveau modèle, le souverain fixe les priorités et en définit la méthode. Le succès de ce modèle est fonction du développement de l'entreprise, génératrice de la valeur ajoutée et créatrice d'emplois. "L'entreprise a besoin de la confiance de l'Etat et de la société", a souligné le roi.

Autrement dit, il faut donner un contenu économique au nouveau modèle qui se dessine. Et ce modèle gagnera à la mise en exécution, et sans atermoiements, de "la Charte de déconcentration". Soucieux de l'obligation de résultat, le souverain en fixe aussi les délais: "au plus tard en octobre, tout passera aux territoires !"

Un agenda donc chargé et ambitieux qui répond aux attentes des citoyens. Et ce n'est pas tout! Parmi les annonces fortes et inédites du discours royal: un mois de délai maximal accordé à l’administration pour répondre aux demandes des investisseurs, l’absence de réponse dans ce délai, tient lieu d’approbation ! Dorénavant, toute administration publique ne pourra demander à un investisseur des documents ou des informations qui sont déjà en possession d’une autre administration publique...

La balle est désormais dans le camp de l'Exécutif, nommément appelé aussi à réactiver le dialogue avec ses partenaires sociaux pour vaquer au plus urgent et exécuter la feuille de route du chef de l’Etat.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 30/07/2018 à 07h16