Le plan machiavélique de la "défense" de Bouachrine pour internationaliser l’affaire

Rodney Dixon.

Rodney Dixon. . DR

Menés par des personnes hostiles au Maroc, l’avocat Rodney Dixon, la consultante en RP Albane de Rochebrune et l'épouse (pourtant bafouée) de Bouachrine, ont un plan pour internationaliser cette affaire via des médias pourtant sérieux. Le voici.

Le 19/06/2019 à 21h53

Quand on écarte le fond malsain qui les nourrit, et les inavouables visées qu’ils recherchent, ayant pour but ultime de pervertir la vérité et de faire passer le bourreau pour une victime et inversement, il est de ces plans qui forcent l’admiration. C’est le cas de celui mené par la défense officieuse de Taoufik Bouachrine, qui entend internationaliser l’affaire de ce patron de presse condamné pour de multiples viols, tentatives de viols et traite d’êtres humains. Trois personnes entendent sortir cette sordide affaire de son cadre strictement pénal, et la mener vers des voies hasardeuses liées aux libertés, dont celle de la liberté d’expression.

Par «officieuse», entendez le trio formé par l’avocat britannique Rodney Dixon, conseil de Bouachrine, l’épouse de ce dernier et la consultante en relations presse Albane de Rochebrune, qui travaille pour le compte de l’agence française A2R Global Comms. Cet ensemble, a appris Le360, bénéficie de l’appui de certaines parties, celui de personnes résolument hostiles au Maroc et qui œuvrent inlassablement à porter atteinte à son image.

Et par «plan», comprenez une tentative audacieuse de manipuler des médias internationaux, pourtant réputés crédibles, pour donner un écho mondial à ce dossier. Cette fois, les «victimes», et excusez du peu, ne sont autre que le prestigieux titre de presse britannique The Guardian, et, Outre-Atlantique, rien de moins que le Washington Post, ainsi que, côté France, l’agence de presse AFP, nous confirment nos sources.

On apprend, en outre, qu’en guise de lancement des hostilités, l’ambassade du Maroc à Londres a reçu, vendredi 14 juin dernier, un questionnaire (en fait un réquisitoire), signé Nick Hopkins, pourtant censé être l’une des plumes phares du Guardian.

A elles seules, les questions contenues dans ce document en disent long sur le caractère partial et orienté des recherches menées dans le cadre d’un nouvel épisode voulu pour cette affaire. L’une de ces questions est d’ailleurs ainsi formulée: «quelle est la réaction du gouvernement marocain envers le Conseil onusien des droits de l’Homme qui a condamné les accusations portées contre Bouachrine?»

Seulement voilà: ce journaliste, pourtant formé à la rigueur la plus impartiale, celle de l’école anglo-saxonne des médias, omet de préciser que ce n’est nullement le conseil en question qui a réagi, mais l’un de ses instruments, soit le Groupe de travail sur les détentions arbitraires, le GTDA. Cette confusion, quand bien même elle n’aurait pas été délibérée, prouve bien que Nick Hopkins a été, pour rester «soft», mal briefé. D’autant que ce mécanisme onusien, interpellé par les victimes de Bouachrine, a entre-temps pris ses distances vis-à-vis de sa posture initiale, et s’est solidarisé avec les victimes de ce patron de presse marocain, condamné pour des viols en série.

Autre question, autre perle de ce journalisme-fiction: «est-ce vrai que le gouvernement marocain a reçu une plainte de la part de l’Arabie Saoudite au sujet de Bouachrine peu avant son arrestation et quelle a été sa réponse?». Si Nick Hopkins a eu cette décence de se demander si cette assertion qu’on lui a assénée au cours du brief qu’il a reçu, au demeurant parfaitement fictive, est bien véridique, il ne fait que véhiculer une thèse pour le moins fantaisiste, laquelle est distillée par le trio de défense de Bouachrine. Ces trois-là entendent opérer un rapprochement plus qu’hasardeux entre le cas de ce dernier, condamné pour des viols, et celui de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné de sang froid pour ses opinions. En matière de communication, décidément, parfois, plus c’est gros, et mieux ça passe.

Ce n’est pas fini: le journaliste du Guardian entend aller encore plus loin et rapporte des propos tenus par des avocats du directeur d’Akhbar Al Yaoum, selon lesquels celui-ci aurait reçu plusieurs mises en garde de Khashoggi. Ainsi, Jamal Khashoggi aurait, selon ces avocats, téléphoniquement évoqué à Taoufik Bouachrine des menaces pesant sur sa vie, et ce, à cause de «ses critiques» envers l’Arabie Saoudite. Mieux encore, ces mêmes messages, envoyés via téléphone, «précisaient exactement la géolocalisation de Bouachrine à certaines occasions, et prouvaient que celui-ci ne se trouvait pas sur les lieux des faits qui lui sont reprochés». Ces preuves d’innocence, poursuit Nick Hopkins, «sont toujours stockés dans le téléphone de Bouachrine, que les autorités marocaines refusent de remettre à des parties indépendantes».

Les «autorités» refusent de «remettre» les téléphones de Taoufik Bouachrine. Allons donc. L’assertion est d’autant plus surréaliste que les positions des échanges ne sont pas indiquées par les appareils, mais par les opérateurs de télécom. Autre chose encore: le téléphone en question est entre les mains de la Justice et l'affaire, en appel, est toujours en cours dans le cadre d'une Cour indépendante d'un pays souverain.

Là où le journaliste se trompe complètement, en portant un dur tort aux victimes, c'est quand il interroge le gouvernement «s’il n’est pas inquiet quant au désistement de certaines plaignantes, au départ contraintes de porter des plaintes inexactes contre Bouachrine, et qui ont été écartées et incarcérées par la suite». Très certainement mal informé et sans avoir préalablement effectué la moindre vérification, Nick Hopkins n’a pas jugé bon de préciser que seule une plaignante avait retiré sa plainte. Il s’agit de Afaf Bernani, qui a écopé en avril dernier d’une peine de 6 mois de prison pour avoir déclaré que son PV de police avait été falsifié. Un extrait vidéo de son interrogatoire à la brigade judiciaire avait d’ailleurs contredit ses propos, et confirmé la véracité de sa déposition initiale, sur laquelle elle avait ensuite souhaité faire marche arrière.

Celles, nombreuses, qui ont été les victimes de véritables atrocités commises par ce coupable avéré, condamné pour avoir exercé sur elles les pires formes de viol, qui plus est, filmées par ses soins, sont soudain devenues, de plaignantes, les complices perverses d’une vraie conspiration pour faire tomber un patron de presse. Ce journaliste pourtant chevronné qu’est Nick Hopkins oublie seulement que ce serait pour elles une forme de suicide humain, avec la perte de toute forme de dignité, d’horizon professionnel et social. La réputation et le destin des victimes de ce bourreau présumé qu’est Taoufik Bouachrine sont aujourd’hui brisés à vie.

C’est donc là une évidence: Nick Hopkins se fait très clairement manipuler par un conseiller juridique, Rodney Dixon, et une consultante en relation publiques, Albane de Rochebrune, payés à prix d’or pour induire l’opinion en erreur et défendre le cas a priori désespéré de leur client, bref, transformer un violeur en héros, et, après tout, peu importe si au moins huit de ces victimes de viols répétés sont, de nouveau, salies et traînées dans la boue. D’ailleurs, et il est particulièrement affligeant de le noter, aucune de ces questions n’en tient compte. Nick Hopkins, du Guardian, ne se permet, à aucun moment, ne serait-ce qu’émettre un léger doute sur la véracité de la version qui lui a été livrée. 

Aux yeux de ce journaliste britannique (et donc de ceux qui tirent les ficelles de cette énième tentative de faire diversion sur la nature crapuleuse, et le mot est faible, des accusations portées contre Bouachrine), le Maroc, c’est le Far West. Un Far West où on peut se livrer impunément à ses pires fantasmes sans rendre de comptes. Où des actes qui feraient scandale dans cet occident si vigilant quant au respect de la loi et des droits des femmes passeraient inaperçus.

Pour les architectes de ce plan, dont il faut saluer le talent, ceux-là même qui tentent aujourd’hui de sortir cette affaire de son cadre purement juridique, c’est là un coup bien tenté. Parvenir à susciter l’intérêt de titres tels que le Washington Post, là même où le défunt Jamal Khashoggi publiait ses chroniques, et qui prend à très cœur l’affaire de ce journaliste saoudien, relève d’un véritable tour de force et trahit un scénario soigneusement ficelé dans ses moindres détails.

La pilule passera-t-elle pour autant? Cela reste tout de même hasardeux à croire. Ce nouveau rebondissement risque d’être encore plus cruel à vivre pour les victimes des viols, documentés images à l’appui, de Taoufik Bouachrine. A moins que l'école anglo-saxonne de journalisme se souvienne de l'exigence de rigueur, au service des faits, qui est sienne...

Par Youssef Bellarbi
Le 19/06/2019 à 21h53