Le PAM miné par une grave crise intestine

Hakim Benchamach. 

Hakim Benchamach.  . DR

Revue de presseKiosque360. Rien ne va plus au sein du PAM, où les attaques fusent de toutes parts. Une crise intestine profonde qui pousse Fatima Zahra Mansouri, Abdellatif Ouahbi et d’autres responsables à tirer sur Hakim Benchemass. Ce dernier contre-attaque.

Le 26/11/2018 à 20h49

Le Parti Authenticité et modernité (PAM) vit, depuis quelque temps, une nouvelle crise interne qui oppose la direction du parti à des militants, et ce dans plusieurs régions. Les PAMistes des régions du Souss et de Marrakech s'accordent pour dire que la situation organisationnelle et politique du parti est devenue «intenable», en ceci qu’elle «pose des problématiques organisationnelles profondes et prend des dimensions inquiétantes qui ont éclipsé le parti de la scène politique». En conséquence, ils demandent à la direction du parti d’assumer sa responsabilité politique et juridique face, disent-ils, aux «rétrogressions et dysfonctionnements organisationnels, en créant un noyau de réflexion au niveau national pour présenter des propositions qui permettraient au parti d’accomplir sa mission en tant qu’acteur politique et démocratique».

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 27 novembre, que la direction du parti a répondu à ses détracteurs en prenant des mesures de révocation et en décidant du gel de l’adhésion d’un grand nombre d’entre eux.

Le bureau politique du PAM justifie ces sanctions par les comportements et pratiques de ces militants qui vont à l’encontre des valeurs et des principes du parti. Et c’est ainsi que le responsable du secrétariat provincial du parti à Safi, Samir Koudar, a été démis de ses fonctions. En plus du gel de son adhésion au parti, il encourt une révocation «pour avoir commis des fautes graves en ne respectant pas les décisions prises par les appareils du parti». Le même sort a été réservé au président de la commune Aghbalou N’kerdous, Hammou Al Mourtaji, accusé, lui aussi, d’indiscipline.

Le bureau politique, qui s’est réuni à Marrakech le week-end dernier, a aussi pris des mesures disciplinaires contre les deux parlementaires Abdeslam EL Bakouri et Lahou Al Merbouh. Il ont été démis de leurs fonctions de coordinateurs régionaux du PAM, fonctions qu’ils assumaient respectivement dans les régions de Marrakech-Safi et Draa-Tafilalet.

Une source proche du PAM indique que la direction du parti est aujourd’hui convaincue que le parlementaire et membre du bureau politique, Abdellatif Ouahbi, est derrière cette campagne de dénigrement des appareils du parti. L’objectif, ajoute le même interlocuteur, étant de parasiter la nouvelle dynamique adoptée par le parti après le renouvellement de sa direction et ses organes. Le bureau politique ajoute que cette campagne a été déclenchée juste après les sanctions prises contre ceux qui avaient enfreint les règlements du parti. En se comportant ainsi, ils veulent couvrir leur échec et des pratiques allant à l’encontre des valeurs que le parti a approuvées et notifiées dans ses règlements intérieurs.

La même source indique que ceux qui dirigent cette «insurrection» contre la direction du parti dans la régions du Souss sont mus par des intérêts personnels. L’interlocuteur du quotidien Al Ahdath Al Maghribia cite nommément le membre du bureau politique, Abdellatif Ouahbi, qui essaye de reprendre son poste de président du groupe parlementaire du PAM. Faisant pression sur la direction du parti, il boycotte en permanence les réunions du bureau politique où il n’a été présent qu’à deux reprises au cours des 18 conclaves de la direction du parti.

Par ailleurs, Hassan Taiki, le membre du conseil national, a adressé des critiques acerbes à Fatima Zahra Mansouri, la présidente du Conseil national du PAM. Il l’accuse d’avoir neutralisé cet appareil vital du parti, un appareil pourvu d’un pouvoir décisionnel important mais dont elle a fait un outil pour saborder toutes les initiatives politiques et règlementaires que le parti comptait engager. La réplique de Fatima Zahra Mansouri ne s'est pas fait attendre puisqu’elle a adressé une lettre, dimanche dernier, au secrétaire général. Lettre dans laquelle elle affirme que «le PAM est mort». La présidente du conseil national ne mâche pas ses mots et interpelle Hakim Benchemass: «Ce parti a été créé par de grands hommes comme Fouad Ali El Himma, Salah EL Ouadii, Hassan Benaddi, Ahmed Akhchichin et autres pour servir la nation. J’ai beaucoup apprécié ces dirigeants avec lesquels je me suis engagée pour servir mon pays. Mais il semble que le parti est tombé, aujourd’hui, entre les mains de gens prétentieux qui défendent leurs intérêts personnels, quitte à faire couler ce grand projet». Fatima Zahra Mansouri n’a pas caché sa déception en soutenant avec force la candidature de Benchemass à la tête du parti.

Dans sa première sortie face à la crise qui mine le parti qu’il dirige, Hakim Benchemass affirme que «ceux qui critiquent le parti par des lettres ou à travers les réseaux sociaux disposent de canaux au sein des appareils du parti pour exprimer leurs opinions en toute liberté». Et le secrétaire général, qui se dit astreint par le devoir de réserve, ne se prive pas de tacler ses détracteurs: «Ceux qui ont choisi d’attaquer le parti sont ceux-là mêmes qui ont boycotté 19 réunions du bureau politique où l’on a pourtant consacré une grande partie des débats aux dysfonctionnements organisationnels du parti».

Le patron du PAM contre-attaquait Fatima Zahra Mansouri et Abdellatif Wahbi sans toutefois les nommer, en affirmant avoir «essayé de trouver, dans toutes les correspondance et les attaques dans les réseaux sociaux, une idée ou une proposition pouvant enrichir les débats, en vain». Et Benchemass d'enchaîner: «Il est préférable pour ces gens de rendre opérationnels les organes qu’ils dirigent en réactivant leurs appareils et leurs commissions et en renouant le contact entre les membres du parti et ses militants». Car, ajoute le secrétaire général du PAM, «il est inacceptable que des dirigeants délaissent les institutions du parti pour exprimer leurs opinions, alors même qu’ils boycottent les réunions du bureau politique. Pis encore, ils demandent à la direction du parti de ne pas organiser de rencontres ou superviser des forums dans les régions et les provinces», souligne Benchemass.

Par Hassan Benadad
Le 26/11/2018 à 20h49