Langues étrangères dans l’enseignement et nouveaux clivages politiques

Said Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Said Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. . DR

Revue de presseKiosque360. Les partis de la majorité n’arrivent pas à s’entendre sur la loi-cadre sur le système d’éducation. Une commission s’est réunie lundi pour rapprocher leurs points de vue sur ce sujet. Le PJD, qui a défendu bec et ongles l’enseignement en arabe, semble de plus en plus isolé.

Le 25/02/2019 à 20h18

La loi-cadre sur le système d’éducation, en discussion au sein de la commission de l’enseignement, continue de diviser les composantes de la majorité, notamment en ce qui concerne les langues d’apprentissage. Une commission dite de consensus, dirigée par le président de la chambre des représentants, s’est réunie lundi matin pour essayer de rapprocher les points de vue des groupes parlementaires sur ce sujet. Sauf qu’au même moment, le RNI a appelé officiellement à l’adoption des langues étrangères dans l’enseignement des matières scientifiques et techniques. Autant dire que le fossé de la discorde entre les partis de la coalition gouvernementale ne cesse de s’élargir. Certains observateurs considèrent que la loi-cadre a fait émerger de nouvelles alliances «loin de la logique des alliances d’intérêt et proches des alliances de référence». Il semble que cette nouvelle architecture d’alignement contraindra le PJD à revoir sa copie sur l’enseignement en langues étrangères des matières scientifiques.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 26 février, qu’une source ministérielle au sein du PJD, qui a requis l’anonymat, a révélé que le consensus sur l’adoption des langues étrangères est devenue une nécessité urgente. Une position qui est à l’opposé de celle du parti islamiste qui a toujours défendu l‘enseignement en langue arabe, que ce soit au Parlement ou au sein du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique( CSEFRS). En parallèle, le PJD a prôné une ouverture «partielle» aux langues étrangères pour l’enseignement de quelques matières ou modules. Le courant de Khalid Samadi, aujourd’hui secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’enseignement supérieur, avait mené une guerre farouche pour soutenir la position du PJD à l’époque où il était conseiller du chef du gouvernement. Par contre, la position du PAM a été cohérente depuis le début, tant au sein du CSEFRS qu’au Parlement, puisqu'il a toujours défendu l’enseignement des matières scientifique en langues étrangères. Son représentant au sein du CSEFRS, l’ancien député Samir Belfkih, a toujours soutenu cette thèse en sa qualité de représentant des groupes de l’opposition.

Selon une source avisée, le PJD a entamé la guerre des langues dans tous les appareils du CSEFRS par le biais de ses représentants, en l’occurrence Amina Maelainine, Khalid Samadi, Mohamed Yatim, Abdennasser Naji et Abdelilah Halouti. La même source relève que le RNI ne s’est pas prononcé sur ce sujet, depuis la nomination du CSEFRS dans sa nouvelle version. Mais le parti de la Colombe a tout chamboulé, ces derniers jours, quand il s’est rallié au PAM pour soutenir, publiquement, l’enseignement des matières scientifiques en langues française, anglaise ou espagnole. Face à ces ralliements, il est probable que le PJD va s’isoler de plus en plus. Du coup, sa marge de manœuvre pour défendre l’enseignement de toutes les matières en arabe va se rétrécir. Il lui sera donc difficile d’imposer sa position après avoir réussi à garantir, avec une formule partielle, l’adoption des langues étrangères dans certains modules.

Par Hassan Benadad
Le 25/02/2019 à 20h18