La nomination par le roi d’un ambassadeur à La Havane scelle la normalisation des relations maroco-cubaines

Mohammed VI, roi du Maroc, et Raul Castro, président de Cuba.

Mohammed VI, roi du Maroc, et Raul Castro, président de Cuba. . DR

Le 21 avril 2017, le Royaume du Maroc annonçait, via le MAECI, le rétablissement de ses relations diplomatiques avec la république de Cuba, gelées depuis 37 ans. La nomination d’un ambassadeur par le roi scelle le rétablissement effectif de l’axe Rabat-La Havane. Eclairage.

Le 21/04/2018 à 11h13

Le timing choisi pour l’annonce d’un mouvement de nouvelles nominations dans les représentations diplomatiques du Royaume en général, et la nomination pour la première fois depuis 37 ans d’un ambassadeur marocain à Cuba, ne doit rien au hasard. Souvenez-vous: il y a un an, jour pour jour, le Maroc annonçait, via un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale (MAECI), le rétablissement des relations diplomatiques entre le royaume et la république de Cuba. Précisément, c’était le vendredi 21 avril 2017. Et c’est un vendredi encore une fois, c’est-à-dire hier 20 avril 2018, que le roi a nommé un ambassadeur à la Havane, soit Bou Ghaleb El Attar.

Au-delà du timing savamment choisi, le Royaume apporte la preuve qu’il sait manier les symboles quand il s’agit de prendre de grandes décisions. La nomination d’un ambassadeur, un an après l’annonce du rétablissement des relations diplomatiques avec la république de Cuba, scelle ainsi un rétablissement historique de l’axe Rabat-La Havane.

Un retour des choses dû à la diplomatie proactive du roi Mohammed VI. Le rétablissement des relations diplomatiques entre le Maroc et Cuba, annoncé le 21 avril 2017, était intervenu en effet au lendemain d’un séjour privé mais très studieux dans la capitale cubaine, La Havane, effectué par le souverain du 7 au 14 2017. Mohammed VI a profité de ce séjour pour nouer des contacts diplomatiques avec de hauts responsables cubains. Une semaine après ces contacts, les ambassadeurs du royaume du Maroc et de la république de Cuba auprès de l’ONU, Monsieur Omar Hilale et Mme Anayansi Rodriguez Camejo, se rencontrent à New York, et signent l’accord sur le rétablissement des relations diplomatiques.

Un rétablissement qui a pris de court les milieux diplomatiques, de par son timing inopiné, sa portée diplomatique et ses enjeux stratégiques pour le Royaume. Mais cet acte fondateur participe naturellement de la vision d’un roi pragmatique, et d’une diplomatie inscrite sur le mode de la rupture avec la politique de la chaise vide et dont l’efficacité a été démontrée par le retour historique du royaume du Maroc au sein de l’Union africaine, le 30 janvier 2017.

C’est dans ce même esprit initiateur qu’intervient le rétablissement des relations du Maroc avec un pays considéré longtemps, avec quelques autres pays en Afrique et en Amérique Latine, comme «une zone d’influence algérienne», avec ce que cela comporte d’implications pour le dossier de l’intégrité territoriale du royaume du Maroc.

On comprend bien pourquoi ce rapprochement historique entre Rabat et la Havane a déstabilisé les ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc, à leur tête l’Algérie, parrain et principal soutien du front séparatiste du Polisario.

L’offensive diplomatique royale a permis de cantonner la partie adverse dans ses derniers retranchements. Et avec le rétablissement de l’axe Rabat-La Havane, l’un des derniers bastions du Polisario et consorts, le Maroc brouille cartes et pistes pour un voisin de l’est résolument hostile à la marocanité du Sahara.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 21/04/2018 à 11h13