La majorité gouvernementale toujours en sursis

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani.

Le chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. La majorité gouvernementale se fissure à nouveau. Entre le vote-sanction des partis de la majorité contre le candidat du PJD pour la présidence de la Chambre des conseillers et la sortie au vitriol de Abdelilah Benkirane fustigeant ces mêmes partis, la coupe est pleine.

Le 18/10/2018 à 21h38

La semaine écoulée a été marquée par une cascade d'incidents qui ont sérieusement malmené l’actuelle coalition gouvernementale. Il s’agit, en premier lieu, du report sine die d’une réunion élargie des partis de la majorité convoquée précédemment par Saâd-Eddine El Othmani, pour débattre du projet de loi de Finances 2019. Suivra ensuite la sortie de l’ancien chef du gouvernement et ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, qui a saisi l’occasion d’une activité de la jeunesse de son parti pour dire tout le mal qu’il pense du RNI, de l’USFP et même de certains membres du PJD. Et, last but not least, l’élection à la présidence de la Chambre des conseillers a donné à voir des partis composant le gouvernement voter ouvertement pour le candidat de l’opposition contre celui de la majorité.

C’est surtout ce dernier point qui a jeté une nouvelle ombre sur les relations entre partis de la majorité. Pour le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce vendredi 19 octobre, la décision unilatérale du parti de La lampe de lancer en course un candidat, contre celui de l’opposition, serait à l’origine de la nouvelle embrouille. Pour preuve, toujours selon le quotidien, le premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachgar, aurait pris son téléphone pour tancer El Othmani, coupable à ses yeux d’avoir violé un modus vivendi de la majorité qui avait décidé de ne pas présenter de candidat contre Hakim Benchemass, avant de lui annoncer que le parti de la Rose suspendait sa participation aux prochaines réunions de la majorité, jusqu’à nouvel ordre.

Cependant, concernant la non-participation du RNI à cette réunion, le journal invoque plutôt un agenda chargé de son patron, Aziz Akhannouch, qui devait présenter un rapport décennal sur le Plan Maroc Vert. Mais cela n’empêche pas Al Ahdath de parler d’une réelle crise au sein de la majorité en se référant à une source gouvernementale, qu’il ne cite pas, mais qui lui déclare qu’un «avenir sombre attend désormais El Othmani».

Pour sa part, le quotidien Al Massae de ce vendredi rapporte que ce sont surtout les derniers propos incendiaires de Abdelilah Benkirane qui seraient derrière l'annulation de la réunion de la majorité, à laquelle devaient assister, en plus des dirigeants des partis de la coalition, tous les chefs de leurs groupes parlementaires. Le RNI et l’USFP auraient même menacé de ne plus assister à une seule réunion des partis de la majorité tant que Saâd-Eddine El Othmani n’aura pas fourni d'explications sur les derniers propos de Benkirane. Mais là, au moins, El Othmani peut arguer du fait que ni lui ni ses ministre PJDistes n’ont été épargnés par l’ancien chef du gouvernement, qui les a traités de «baltajia».

Par Mohammed Ould Boah
Le 18/10/2018 à 21h38