Journalistes convoqués par la justice française: le silence inadmissible d’Aujjar

Mohamed Aujjar, président de la mission d'enquête de l'ONU sur la Libye.

Mohamed Aujjar, président de la mission d'enquête de l'ONU sur la Libye. . DR

Revue de presseKiosque360. Le ministre de la Justice refuse de communiquer sur cette affaire. Quant à son homologue français, il nie une quelconque prise de position.

Le 09/09/2018 à 20h04

Plusieurs jours après la convocation par la justice française de quatre journalistes marocains, le ministère de la Justice n’a toujours pas réagi. Et le silence du ministre Mohamed Aujjar est «incompréhensible», estime le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du lundi 10 septembre, d'autant que son homologue français a réfuté l’existence de toute entente conclue avec lui sur la question. 

Le quotidien a bien tenté, en vain, de joindre le ministre, et ce depuis vendredi. Le ministre, relate Al Ahdath Al Maghribia, a commencé par fixer un rendez-vous à l'auteur de l'article. Un rendez-vous qu'il n'a pas honoré et suite auquel il a refusé de répondre aux sollicitations du journaliste. Par ailleurs, alors que le ministre marocain s’est refusé à tout commentaire sur l’affaire, la garde des sceaux française, pour sa part, a tenu à préciser qu’elle n’avait fait aucune déclaration à la presse sur les procédures suivies pour la convocation de quatre journalistes et du président de la première Chambre, en sa qualité de directeur de publication du quotidien Libération.

En d’autres termes, la ministre française assure ne jamais avoir évoqué l’existence de «dysfonctionnements» de la justice française ou de «non-respect» des procédures prévues dans la convention judiciaire signée entre Rabat et Paris. Pourtant, rappelle le journal, les médias français ont bel et bien affirmé, citant des sources judiciaires françaises, que le ministère français de la Justice avait reconnu un «dysfonctionnement» et un «non-respect de la convention d’entraide pénale» dans l’affaire de la convocation de journalistes marocains et de Habib EL Malki par la justice française, suite à une plainte déposée par l’ex-capitaine de l’armée marocaine, Mustapha Adib. Ce que le cabinet de la ministre a rejeté en bloc.

D’après les proches collaborateurs de la responsable française, celle-ci a bien eu un entretien avec son homologue marocain, mais cet entretien n’avait pas pour objet les convocations en question. La ministre, souligne-t-on auprès de son cabinet, n’a d'ailleurs pas le droit d’émettre un quelconque commentaire sur les convocations adressées par le juge d’instruction aux journalistes marocains. Les deux responsables ont bien évoqué cette affaire, ajoute la même source, mais de manière évasive, puisque les entretiens ont surtout porté sur le cas du ressortissant français incarcéré au Maroc, depuis quatre ans, pour son implication dan une affaire de terrorisme.

Par ailleurs, affirme Al Ahdath Al Maghribia, selon des sources bien informées, la liste des personnes appelées à comparaître dans cette affaire ne compte aucun autre individu. Des informations avaient, en effet, annoncé que la liste des convoqués compterait une dizaine de personnes au total, soit des journalistes et directeurs de publication marocains. Le journal a en outre rappelé que, selon les procédures prévues par la convention judiciaire, le juge d’instruction devait transmettre les convocations au ministère français de la Justice, lequel a la charge de les transmettre à son homologue marocain qui a la responsabilité d'informer les convoqués via le Parquet.

Par Amyne Asmlal
Le 09/09/2018 à 20h04