Le parti travailliste vient de porter à sa tête un ancien homme d’affaires d’origine marocaine, Avi Gabbay, dans le but d’évincer Netanyahu, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du jeudi 13 juillet. Et le quotidien de préciser que le parti de gauche israélien vient d’adopter une nouvelle approche pour remporter les prochaines élections face à l’actuel premier ministre Benyamin Netanyahu.
Ancien PDG d’un géant de la télécommunication, secteur auquel il a consacré toute sa carrière professionnelle, Avi Gabbay est loin d’incarner le parfait modèle de dirigeant dans cet emblématique parti de gauche. Un parti qui a toujours été au coeur de la scène politique, mais dont l’influence et la popularité ont commencé à fléchir ces dernières années.
Issu d’une famille modeste d’origine marocaine, ce qui a, faut-il le rappeler, un fort poids symbolique dans le parti des élites ashkénazes, le nouveau dirigeant travailliste s’est fait une solide réputation de self-made man. S'il n’a jamais été élu à la Knesset (le Parlement israélien), il a fait partie du gouvernement de Netanyahu. Etant l’un des fondateurs, avec Moshe Kahlon, du parti de centre droit Koulanu, qui participe à la coalition au pouvoir, il a assumé les charges du département de l’Environnement avant de quitter l’Exécutif, il y a de cela un an.
Aprçs avoir quitté, en décembre dernier, cette formation où il avait commencé sa carrière politique en 2014, il a décidé de rejoindre le parti travailliste. Certains milieux israéliens, affirme le journal, n’ont pas hésité à comparer l’ascension fulgurante de ce Marocain d’origine à celle du président français Emmanuel Macron. Ils ont vu en celui qui «redonnera vie» au parti travailliste et un symbole "d'espoir et de changement".
Cependant, estime le journal, sa mission semble très délicate. Il est en effet difficile de reconquérir les votes des citoyens quand le parti est en régression depuis près de 25 ans durant lesquels se sont succédé pas moins de dix secrétaires généraux.
Gideon Rahat, politologue à l'Université hébraïque de Jérusalem, cité par le journal, avance deux explications à la victoire d'Avi Gabbay. D’un côté, il y voit un «acte de désespoir» des Travaillistes, poussés à élire un nouveau venu en politique. D’un autre côté, il considère son élection à la tête du parti comme un signe d'adaptation de la formation travailliste à «l'ère de la politique personnalisée».
Pour rappel, Avi Gabbay a été élu, lundi 10 juillet, chef du parti travailliste israélien au terme d'une élection serrée. Nouveau venu en politique, cet ancien homme d'affaires a obtenu 52% des voix face à Amir Peretz (47%), homme politique également d’origine marocaine, qui a fait toute sa carrière au sein du parti travailliste qu'il a dirigé pendant plusieurs années. Au premier tour, Avi Gabbay avait éliminé Isaac Herzog, le chef sortant du Parti travailliste. Au second tour, il s'est imposé contre l'ancien vice-premier ministre et ministre de la Défense, Amir Peretz.