Importation de médicaments: le gouvernement face à des accusations de conflit d’intérêts

Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du PJD.

Abdellah Bouanou, président du groupe parlementaire du Parti de la justice et du développement (PJD) à la Chambre des représentants. . DR

Revue de presseUn grave conflit d’intérêts présumé éclate au sein du gouvernement. Un membre de l’Exécutif a été accusé par Abdallah Bouanou, président du groupement parlementaire du PJD, d’avoir bénéficié d’un marché pour l’importation exclusive d’un médicament vital. Entre demandes d’enquêtes parlementaires, démentis fermes et plaidoyer pour la transparence, retour sur une affaire qui secoue la classe politique. Cet article est une revue de presse tirée d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 16/11/2025 à 17h33

À la suite d’une controverse suscitée par de présumés privilèges accordés pour l’importation exclusive d’un médicament vital, le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement Mustapha Baitas a sollicité du président de la Chambre des représentants la tenue d’une réunion de la commission des secteurs sociaux. Il a insisté pour que le ministre de la Santé, Amine Tahraoui, soit présent afin d’éclaircir les récentes déclarations concernant les marchés d’importation de médicaments.

Cette initiative fait suite aux révélations du président du groupement du PJD, Abdallah Bouanou, qui, lors d’une session parlementaire, a dénoncé la fixation des prix, jugés astronomiques, de certains médicaments importés par des sociétés influentes, et ce, malgré des exonérations fiscales dont elles auraient bénéficié, rapporte Al Ahdath Al Maghribia de ce lundi 17 novembre. Le député a plus précisément accusé le ministère de la Santé d’avoir octroyé à un membre du gouvernement un marché pour l’importation du «chlorure de potassium», soulevant un sérieux soupçon de conflit d’intérêts.

En réaction, le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, a annoncé l’ouverture d’une enquête officielle sur les dysfonctionnements présumés entachant ces marchés. Intervenant lors d’une réunion du RNI, Mustapha Baitas a pour sa part tenu à recadrer le débat. Il a précisé que la relation avec l’entreprise mise en cause remontait à 2014, regrettant que l’affaire soit réduite à une période limitée pour servir des «interprétations imprécises». Il a surtout mis en avant l’engagement du gouvernement en faveur de la transparence, illustré par l’élaboration participative d’un nouveau décret sur les marchés publics, présenté au Parlement plutôt qu’adopté directement.

Le ministère de la Santé a, quant à lui, publié un communiqué pour démentir catégoriquement toute accusation d’octroi de privilèges ou de monopole, relaie Al Ahdath Al Maghribia. Qualifiant ces allégations d’«infondées», il a estimé qu’elles portaient atteinte aux efforts déployés pour garantir la sécurité médicamenteuse. Le ministère a rappelé le caractère vital de ce produit en soins intensifs, en chirurgie et en anesthésie, et justifié les importations exceptionnelles par une pénurie liée à l’arrêt de production d’un fournisseur historique.

Il a enfin souligné le double accompagnement de l’Agence marocaine des médicaments pour relancer la production nationale et pour accorder, à titre exceptionnel et sous conditions strictes, des autorisations temporaires d’importation à plusieurs sociétés, afin d’assurer la continuité des traitements et la souveraineté pharmaceutique du pays.

Par Hassan Benadad
Le 16/11/2025 à 17h33