La chambre des représentants a de nouveau décidé de mener une mission exploratoire temporaire sur la direction des médicaments et de la pharmacie (DMP) relevant du ministère de la Santé. Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition des samedi et dimanche 24 et 25 octobre, que cette décision survient après l’échec de plusieurs missions de contrôle pour remédier aux graves dysfonctionnements relevés, depuis des années, au sein de la DMP.
Le dernier rapport en date du Conseil de la concurrence a révélé que le marché des médicaments au Maroc est marqué par le monopole, la concurrence déloyale ainsi que la suspicion de fraude dans la passation des marchés publics. Cette nouvelle commission parlementaire devra contrôler la situation financière et administrative de cette direction mais aussi et surtout se pencher sur la nature de ses relations avec certaines entreprises pharmaceutiques.
L’ex-ministre de la Santé, Houcine El Ouardi, qui avait dénoncé ce lobbyisme, en affirmant qu’il était plus dangereux que les sociétés d’armement, a été insulté et menacé au sein même du Parlement. Plusieurs députés avaient alors attiré l’attention sur les conflits d’intérêts dans l’octroi des autorisations à plusieurs laboratoires de médicaments. D’autant, ajoutaient-ils, que les recommandations figurant dans le rapport de la mission d’exploration précédente n’avaient pas été mises en œuvre. Cette commission avait pourtant relevé des dysfonctionnements dans la DMP en matière de contrôle, d’inspection, de licence, de structures administrative et technique et de transparence.
Le quotidien Al Akhbar rapporte que cette commission avait, par ailleurs, constaté des anomalies dans la manière de définir la tarification du médicament, à tel point que le prix du même intrant peut être démultiplié de 10 à 100 fois. Dans son rapport, cette mission avait alors demandé au gouvernement de lier la responsabilité à la reddition des comptes en matière de cherté des médicaments et d’impact sur le pouvoir d’achat du citoyen et le budget de l’Etat. Il faut rappeler que le Conseil de la concurrence avait, il y a quelques semaines, pointé du doigt le système des marchés publics en vigueur dans le secteur des médicaments.
Lequel système, ajoute le même organe, ne respecte pas les lois de la concurrence et ne joue pas son rôle de régulateur sur le marché des médicaments. Un marché, poursuit le CC, qui manque de transparence en l’absence notamment d’une véritable politique de médicament générique et d’un réseau de distribution adéquat qui, de surcroît, vit une situation de crise aiguë. Le rapport a, par ailleurs, mis à l’index la relation entre les médecins et les laboratoires parfois marquée par des conflits d’intérêts.