Formation du gouvernement: Benkirane prêt à rendre les clés

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Revue de presseKiosque360. Benkirane n’attend plus que le retour du roi de sa tournée africaine pour lui présenter le gouvernement ou, à défaut, sa démission. Il a également évoqué, dans une réunion interne, la possibilité que son parti rejoigne l’opposition. Il se dit même prêt à dissoudre le PJD.

Le 19/02/2017 à 22h36

Après plusieurs semaines de silence, Benkirane sort de sa réserve et annonce la «fin des discussions», rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 20 février. En effet, souligne le journal, le chef de gouvernement désigné a affirmé, samedi, devant les jeunes de son parti que "cette situation ne pouvait durer éternellement": "Je n’attends que le retour de SM le Roi pour lui présenter le gouvernement s’il est formé. Autrement, je lui annoncerai mon échec".

Le quotidien Akhbar Al Yaoum, qui s’est également intéressé à la question dans son édition du 20 février, affirme que c’est la première fois que le chef du gouvernement se fixe un délai pour présenter son gouvernement ou annoncer son échec dans sa mission. Et ce délai, poursuit le journal, coïncidera avec le retour du roi, début mars. Selon le journal, avant son discours devant la jeunesse, Benkirane est également intervenu dans une rencontre de l’UNTM, le bras syndical de son parti. "J'attends, après ma rencontre avec eux, la réponse d'Akhannouch et Laenser qui, je l'espère, contribuera à lever le blocage des négociations. Dans le cas contraire, nous serons obligés de nous excuser", a-t-il affirmé devant les syndicats.

Benkirane a profité de l’occasion pour stigmatiser une nouvelle fois l’USFP, sans le citer, rejetant sur lui la responsabilité de ce blocage. Il a parlé d’une "composante qui insiste pour entrer au gouvernement, même si l’on a essayé de la contenter en lui concédant la présidence de la première Chambre". Le chef de gouvernement désigné a également fait allusion à l’organisation de nouvelles élections, alors qu’il s’était dit contre cette option auparavant. "Ce qui est naturel, c’est que je forme le gouvernement. Mais s’ils trouvent une autre sortie constitutionnelle, nous irons à l’opposition», a aisni affirmé Benkirane qui va plus loin encore concernant les intentions de son parti: "Nous n’allons pas perturber la structure de l’Etat. Et s’il faut dissoudre le parti ou se retirer du gouvernement et des communes, nous le ferons".

Al Ahdath, qui cite des sources informées, considère cette dernière sortie de Benkirane devant les jeunes et les syndicalistes comme un appel à la mobilisation générale du parti pour faire face à toute éventualité. Al Ahdath relève, toutefois, un nouveau détail. Selon le journal, Benkirane évoque pour la première fois un désaccord au sein de la direction du parti concernant la participation de l’USFP au gouvernement. Son refus de l’entrée des socialistes au gouvernement par l’intermédiaire du RNI n’est plus une position partagée par l’ensemble des dirigeants du PJD.

En somme, s’il est un message à tirer de ses deux sorties, le même jour, à Bouznika et à Maâmoura, c’est que Benkirane a bien l’intention d’aller loin dans la surenchère et la radicalisation lors de cette dernière étape des négociations, quitte à déclarer officiellement son échec et présenter sa démission. Cela tout en lançant un défi à ses adversaires pour trouver une solution constitutionnelle à cette situation.Or, des solutions constitutionnelles, estime le journal, il en existe. L’une d’elles a justement été présentée par le dirigeant du PAM M’hammed Loukmani, qui appelle les chefs de partis politiques à une réunion, en cas d’échec de Benkirane dans sa mission, pour former un gouvernement transitoire, avec pour mission de sauver le pays.Le deuxième scénario, toujours selon Al Ahdath, serait que Benkirane, qui se présente comme le chef de file de l’aile radicale du parti, se retire pour laisser la gestion du parti à une direction collégiale. Laquelle direction pourrait accepter, comme l’a déjà fait Mustapha Ramid lors de la dernière réunion du conseil national, une participation limitée de l’USFP au gouvernement. Une décision qui pourrait mettre fin au blocage.

Par Amyne Asmlal
Le 19/02/2017 à 22h36