«La Fondation Dr Abdelkrim Al-Khatib pour la pensée et les études» a vu le jour le vendredi 13 septembre, à Rabat, sous l’impulsion du PJD et la participation de la famille Al-Khatib, ainsi que d’autres personnalités. Cette rencontre a été marquée par la lettre royale adressée aux fondateurs de cette institution et lue par Saâd-Eddine El Othmani. Le souverain a, dans ce message, parrainé la constitution de cette Fondation, eu égard aux qualités du docteur Al-Khatib en tant que grand résistant, sincère patriote et homme fidèle aux constantes de la nation.
Le roi a qualifié la création de cette fondation, portant le nom de ce fidèle serviteur de la nation, d’«Initiative constructive qui s’inscrit dans le cœur de nos préoccupations et nos appels à la nécessité pour les partis politiques de disposer d’institutions parallèles de sciences et de réflexion. Lesquelles institutions participent à rehausser le niveau de fonctionnement des partis et à améliorer la qualité des législations et des politiques publiques».
Ce message royal, qui cautionne la Fondation Al-Khatib, a été très bien accueillie par la direction du parti islamiste. Le Secrétaire général du PJD et chef du gouvernement n’a pas caché sa joie face à ce geste royal: «Ce parrainage royal est un honneur pour l’assemblée générale constitutive. Je m’adresse à sa majesté en mon nom et au nom de la famille Al-Khatib ainsi qu’en ceux de tous les militantes et militants du parti pour lui présenter nos remerciements, notre gratitude et notre fierté d’avoir parrainé cette Fondation». Cette rencontre à laquelle ont participé les ténors de la mouvance islamique a été boudée par un homme qui doit beaucoup au Dr El-Khatib, le fondateur du PJD. Il s’agit de l’inénarrable Abdelilah Benkirane, ex-Secrétaire général du PJD et ex-chef du gouvernement.
Le quotidien Akhbar Al Youm rapporte, dans son édition du lundi 16 septembre, que l’absence de Benkirane à cet événement a suscité beaucoup d’interrogations chez les dirigeants et les militants du parti. D’autant que l’ex-patron du PJD s’est toujours présenté comme l’héritier d’Al-Khatib et n’a jamais cessé d’y faire référence.
Il faut rappeler que c’est le Mouvement populaire démocratique et constitutionnel (MPDC) d’Abdelkrim Al-Khatib qui a accueilli en son sein le MUR et l’Alliance de l’avenir islamique. Ces mouvances islamistes, qui étaient interdites de se transformer en parti, ont essayé de s’atteler à des partis conservateurs comme l’Istiqlal, mais en vain. Autant dire que sans les interventions du docteur El-Khatib qui était proche du palais, le PJD n’aurait jamais suppléé au MPDC en 1998. C’est pour cela que l’absence de Benkirane à la naissance de la Fondation d’Abdelkrim Al-Khatib a été mal perçue par les militants islamistes.
Certaines sources justifient le boycott de Benkirane par l’attitude de Saâd-Eddine El Othmani qui ne l’aurait pas avisé au préalable de la décision du parti de créer cette fondation. L’ex-patron du PJD ne l’aurait su, dit-on, que par voie de presse et ne fut invité à cette rencontre qu’au tout dernier moment, l’obligeant ainsi à décliner cette invitation. D’autres sources affirment que Benkirane est toujours en colère contre El Othmani depuis le vote par le PJD de la loi-cadre sur l’enseignement. Il en veut tellement à son successeur qu’il a jugé nécessaire de boycotter la création de la Fondation de celui qui l’avait hébergé au moment où tout le monde l’ignorait, voire lui en voulait.