Fin de la crise autour du tifinagh, l’amazigh obligatoire dans l’enseignement

Le360

Revue de presseKiosque360. La commission de l’enseignement aurait trouvé un accord sur le projet de loi relatif à la mise en œuvre de l’officialisation de la langue amazighe. Ce projet, qui sera soumis au vote la semaine prochaine, adopte la graphie tifinaghe et rend obligatoire l’enseignement de cette langue.

Le 03/06/2019 à 18h32

La crise provoquée par l’annulation d’un amendement obligeant la Banque du Maroc à introduire l’amazigh sur les billets de banque a eu, finalement, un effet salvateur pour le projet de loi organique relatif à la mise en œuvre de l’officialisation de cette langue. Adopté en conseil des ministres le 26 septembre 2016, le projet 26-16 fixe les étapes de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les différents secteurs prioritaires de la vie publique. La commission de l’enseignement et de la culture à la Chambre des représentants a tranché sur les amendements apportés au projet, amendements qui feront l’objet d’un vote la semaine prochaine. Suite à ces modifications introduites dans plusieurs articles, l’enseignement de la langue amazighe devient obligatoire. L’enseignement sera généralisé progressivement à tout le territoire national et aux différents cycles (primaire, collège, lycée et formation professionnelle).

Les amendements introduits par la majorité gouvernementale ont permis de régler plusieurs points de divergence après les modifications apportées au deuxième paragraphe du premier article. C’est ainsi qu’un accord a été trouvé sur l’écriture de la langue amazighe en lettres tifinaghes après le consentement du PJD, qui s’est toujours opposé à ce choix.

Dans son édition du mardi 4 juin, le quotidien Al Massae rapporte que, si ce projet est approuvé, il permettra l’adoption de la langue amazighe dans «les instituts de formation des ressources humaines pour la gestion des administrations publiques et la réalisation des programmes de lutte contre l’analphabétisme». Les groupes de la majorité ont, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité pour les administrations de l’Etat, les établissements publics et les collectivités locales de former leurs fonctionnaires à l'utilisation de la langue amazighe dans les services publics. Pour ce faire, les autorités doivent élargir la liste des documents officiels libellés en amazigh au contrat de mariage.

Dans le domaine de la justice, les modifications apportées au projet de loi organique 26-16 exigent de l’Etat de garantir aux justiciables et aux témoins qui parlent l’amazigh le droit d’utiliser cette langue durant toutes les procédures d’enquête (police, parquet et juge d’instruction). Le projet de loi prévoit aussi l’intégration de la langue amazighe dans les médias publics, tout en garantissant les conditions nécessaires d’égalité entre les deux langues officielles. Le texte prône en outre le principe de l’équité dans les critères d’octroi des subventions aux productions audio-visuelles (cinéma-télévision) et à la presse écrite et électronique. Les modifications précitées ont réduit le délai d’exécution de ces dispositions de 10 à 7 ans pour la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe, ainsi que pour la traduction simultanée au sein du Parlement. Le délai a été également écourté de 15 à 10 ans pour la fourniture des documents officiels, certificats et autres inhérents à l’Etat civil, ainsi que de ceux délivrés par les ambassades et les consulats du Maroc à l’étranger.

Par Hassan Benadad
Le 03/06/2019 à 18h32