Exploitation des carrières de sable: les réunions secrètes des ministres PJD

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Revue de presseKiosque360. Les ministres PJD organisent des réunions secrètes pour valider des décisions servant les intérêts électoraux de leur parti. C’est ainsi que le décret d’application de la loi relative au littoral a été discuté en l’absence du ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime.

Le 06/01/2020 à 20h08

Des ministres PJD organiseraient des réunions secrètes, à l’insu des autres composantes du gouvernement, pour valider des décisions ou des décrets servant les intérêts électoraux et politiques de leur parti. C’est ce qui s’est passé dernièrement. Les ministères de l’Equipement et de l’Energie ont ainsi tenu plusieurs réunions de coordination consacrées à l’étude du décret d’application de la loi 12-81 relative au littoral. Sauf que la commission conjointe constituée par ces deux départements a sciemment oublié d’inviter le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime. Le ministre de l'Equipement, Abdelkader Amara, serait derrière cette manœuvre destinée à se libérer de l’étau du lobby de l’extraction de sable. Du coup, il a lancé la balle dans le camp du département de l’Environnement dirigé par Aziz Rabbah, son collègue dans le parti, auquel il a adressé une lettre pour lui demander d’accélérer les procédures d’élaboration et de dépôt du texte relatif au littoral.

Ce que le ministre a cependant omis de dire, dans cette lettre, c’est qu’il n’a pas pu affronter la mafia du sable qui a refusé, à en croire des sources proches de l’Exécutif, d’exécuter ses décisions. Bien au contraire, ce lobby pille le sable de Mehdia depuis début avril 2019, détruisant ainsi l’objectif du ministre d’organiser le secteur des carrières par la mise en œuvre des dispositions de la nouvelle loi 13-27. Les mêmes sources s’étonnent que cette commission conjointe se réunisse secrètement en l’absence du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime. Pourtant, celui-ci est le premier concerné par cette activité qui a des conséquences graves sur les ressources halieutiques et la pêche maritime.

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 7 janvier, que l’absence du département de la pêche était préméditée, Aziz Akhannouch s’étant toujours opposé à l’extraction de sable sur les zones côtières. Le ministre avait signalé, dans plusieurs correspondances, le danger que représentait cette activité pour le système environnemental marin, préconisant que l’exploitation du sable soit soumise à une autorisation délivrée par l’autorité gouvernementale chargée de la pêche maritime. Les observateurs estiment que l’absence, dans cette commission, du ministère de la pêche maritime, risque de provoquer un blocage au sein du gouvernement. Le ministère de tutelle va d'ailleurs certainement opposer son veto au projet de décret d’application relatif à la loi sur le littoral, quand ce dernier sera présenté devant le Conseil du gouvernement. 

Dans une lettre adressée à son collègue de l’Equipement, le ministre Aziz Akhnnouch avait souligné que des institutions scientifiques nationales et internationales s’accordaient à dire que les systèmes d’environnement marin situés entre 0 et 12 miles nautiques étaient considérés comme les zones les plus productives et les plus diversifiées en ressources halieutiques. Dans sa lettre, le ministre propose ainsi que l’exploitation des carrières dans le milieu maritime soit soumise au système de licence et non pas à une autorisation préalable de l’administration chargée de l’équipement et du transport.

Par Hassan Benadad
Le 06/01/2020 à 20h08