Mercredi 9 août. Nous sommes au lendemain du décès du jeune Imad Atabi, grièvement blessé lors des manifestations du 20 juillet dernier au niveau de la tête. Transféré à l’hôpital militaire de Rabat pour recevoir les soins nécessaires, il y a rendu l’âme mardi dernier.
La Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), sise à Casablanca, a ouvert une enquête approfondie pour élucider les circonstances exactes de cet incident, déterminer les responsabilités et prendre les mesures juridiques qui s’imposent. Le procureur général du Roi près la Cour d’appel d’Al Hoceima a, lui, beau rassurer: «Les investigations sont toujours en cours sous l’égide du parquet général et dès leur fin, les mesures juridiques doivent être prises et les résultats seront communiqués à l’opinion publique». Cela n’a pas suffi à convaincre certains, toujours prompts à surfer sur bien des vagues pour faire parler d’eux. Et après eux, le déluge.
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Il y a d’abord des militants du «Hirak» qui ont sacrifié le caractère socio-économique de ce mouvement ainsi que sa nature pacifique de l’autopromotion, s’érigeant en trublions politiques. Leur lexique est guerrier et le jeune Imad Atabi est pour eux un «martyr» dont on veut se servir pour avancer des thèses voulant qu’il y ait le Maroc d’un côté et le Rif de l’autre. Si ce n’est pas du séparatisme, c’est une volonté claire de semer la division. L’illustration en a été cette vague annonce, émanant d’un certain Farid Hamdioui, auto-proclamé responsable de la coordination de la défense des détenus d’Al Hoceima. Hier encore, il a annoncé que ces détenus ont entamé 3 jours de deuil et 2 jours de grève de la faim, en «solidarité» avec Atabi. Certains avocats de la défense de ces détenus y vont aussi de leurs «ambitions». Parlant de la gestion par l’Etat de ces événements, Me Abdessadek El Bouchtaoui n’hésite pas à parler de «machine de répression», «d’atteintes graves aux droits de l’Homme» et même de «dictature», entre autres, troquant d’emblée son rôle d’avocat contre celui de politicien. Il a d’ailleurs été convoqué, hier mercredi, pour être entendu par la police.
Avec ces discours enflammés des uns et des autres, certains poussent le bouchon plus loin et passent à des actes qui peuvent conduire au pire. Les funérailles de feu Atabi, mercredi, ont failli tourner au drame quand une partie de l’assistance a décidé de marcher vers Al Hoceima. Là encore sans autorisation et en scandant des slogans pour le moins injustifiés, accusant l’Etat d'être le responsable de la mort du jeune homme et insinuant qu'il a été assassiné.
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Il y a ensuite ceux qui, tapis dans l'ombre, tirent les ficelles. Certains sont des barons notoires de la drogue, qu’ils soient installés dans la région ou, surtout, en Europe. Le cas du tristement célèbre Saïd Chaou n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Sans oublier la complicité de militants des droits de l’Homme restés otages de leurs idéologies d’extrême gauche (comme l’AMDH) ou encore d’islamistes comme Al Adl Wal Ihssane, qui refusent toute intégration dans le jeu politique légal si leurs désirs, voire fantasmes, ne sont pas satisfaits. A défaut de participer à la marche irréversible du pays vers de vraies réformes démocratiques et un développement socio-économique profitable à tous, les uns comme les autres préfèrent tout bloquer. Quitte à faire feu de tout bois.
Enfin, il y a même ces islamistes qu’on dit modérés mais qui n’hésitent pas à retourner leurs jellabas. C’est le cas de la Chabiba du PJD, dont le secrétaire général Khalid Boukarii, vient de rejeter les appels de certains de ses "frères" appelant à «lutter» contre la «répression» et à prendre fait et cause pour les icônes du «Hirak». Hier encore chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, lui-même, a joué avec le feu devant la jeunesse de son parti, exigeant une révision de la Constitution et une visite du roi à Al Hoceima.
Tous veulent se refaire une virginité, revenir sur les devants de la scène, ou du moins occuper le terrain sur le dos des revendications, au demeurant légitimes, de la population rifaine.
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Des revendications par ailleurs entendues et prises en compte par le gouvernement sous l'impulsion de la plus haute autorité du pays. On s’en souvient, le discours du Trône du 29 juillet dernier a consacré tout un processus d’apaisement dans la région, et Al Hoceima a été citée nommément. Les défaillances de l’administration y ont été démontrées, la faillite des élites politiques dénoncée et l’action pour y remédier tracée. La veille, un tiers des personnes détenues dans le cadre des événements d’Al Hoceima avait été libéré. Et depuis le déclenchement des premières grandes marches, le ballet des ministres n’a jamais cessé dans la région pour y accélérer la cadence des projets de développement, alors que la reddition des comptes est déjà enclenchée. Le calme, entre-temps, est de retour, à la faveur également d’une saison estivale dont dépend en grande partie l’économie de la région. Mais là encore, cela ne suffit pas. Les calculs égoïstes, tant décriés dans le dernier discours du roi, ont visiblement la peau dure, au mépris de l'intérêt général.