Le secteur de l’enseignement souffre d’une pathologie de gouvernance, potentiellement grave en l’absence d’une vision stratégique. C’est un fait. Pour pallier le déficit des enseignants du primaire et du secondaire, le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique a opté pour «la formule du contrat», en lieu et place du recrutement au sein de la fonction publique.
Cette politique avait été mise en oeuvre, il y a deux ans, par l’ancien chef du gouvernement. Et c'est une bombe sociale qui a ainsi été activée au sein d’un secteur qui souffrait déjà de moult dysfonctionnements et pour lequel des sommes faramineuses ont été débloquées dans l'espoir de le sauver. En effet, ces enseignants contractuels, (lauréats des universités marocaines, titulaires de licences, de masters et même plus), appelés en catastrophe pour sauver le navire de l’enseignement qui chavirait à la rentrée scolaire, se sont rendu compte qu’ils avaient été menés en bateau par la politique de l’ancien chef du gouvernement. En effet, ils exercent leur noble métier dans des conditions très précaires et suivent en parralèle, pour accomplir leur tâche convenablement, des formations continues.
C'est ainsi que les enseignants se sont mobilisés, dimanche, pour mener une grande marche à Rabat, rapporte le quotidien Al Ahdath dans son édition de ce mardi 8 mai. En plus de leurs conditions précaires et du sentiment de discrimination provoqué par leur statut de «contractuels» au sein des établissements scolaires où ils exercent aux côtés de «titulaires», un règlement intérieur des académies régionales est venu achever de noircir le tableau en donnant à la précarité une dimension durable. Du coup, ces enseignants contractuels ont perdu tout espoir dans ce système où ils sont appelés à s’investir et faire des sacrifices pour inculquer un savoir aux générations à venir.
C’est bien ce qui ressort des slogans qui ont été scandés par des milliers d’enseignants dimanche, à Rabat, tout au long du parcours qui les a menés de Bab Laâlou au siège du ministère de tutelle, en passant par l’institution législative, sur le boulevard Mohammed V.
«Des milliers d’enseignants contractuels marchent à Rabat pour faire valoir leurs droits», souligne de même le quotidien Al Akhbar dans son édition du même jour. Les sources du quotidien précisent que ce mouvement de colère avait pour objectif de dénoncer «la sourde oreille» du gouvernement. Trois syndicats, soit la Fédération nationale des fonctionnaires de l’enseignement, la Fédération libre de l’enseignement et la Fédération nationale de l’enseignement ont soutenu cette marche des enseignants contractuels en prenant part à ce mouvement de colère initié par leur coordination nationale.