"Electronics ban": Trump chercherait-il à favoriser les compagnies occidentales?

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Revue de presseKiosque360. Les nouvelles règles édictées par les États-Unis en matière de transport aérien qui touchent une dizaine de compagnies aériennes dont Royal Air Maroc, a interpellé les experts. Un article du journal américain The Washington Post tente un décryptage.

Le 23/03/2017 à 22h37

Dans un article publié par le washingtonpost.com, des analystes de la sécurité et des journalistes s’interrogent sur la logique qui se cache derrière la décision de Trump, d’interdire en cabine tous les articles électroniques de plus grande taille que celle des téléphones portables dans une dizaine de pays dont le Maroc. Comme le souligne le journaliste à l'origine de cette publication, il s'agit d'Etats qui «servent de passerelles au trafic commercial et touristique mondial».

Les experts sécuritaires reconnaissent le savoir-faire des groupes terroristes comme Al-Qaïda et Al-Shabab, qui mènent actuellement des expériences afin de «transformer les ordinateurs portables et autres appareils électroniques en explosifs».

Toutefois, ils émettent des réserves sur ces mesures et notamment sur leur aspect pratique. Le raisonnement est des plus simple. Ainsi, les passagers de ces compagnies de transport voguant vers les États-Unis pourront utiliser leur téléphone cellulaire à bord, ils emportent le reste de leur équipement dans leurs bagages enregistrés.

Ces mêmes personnes relèvent également que «les compagnies aériennes américaines ne subiraient pas ce régime si elles atterrissent dans les aéroports touchés par ces mesures».

Ces deux constats ont mis la puce à l’oreille des journalistes et des analyses. Ils ont cherché à comprendre la logique sous-jacente de ces interdictions.

Ils s’interrogent et se posent une série de questions: «si un ordinateur portable peut être transformé en bombe, quelle différence cela fait-il s’il est analysé ou transporté à bord? Cela signifie-t-il que le contrôle des bagages enregistrés est plus rigoureux que pour les bagages à main?»

Et ils poursuivent «la plupart des incidents dans le transport aérien n'ont-ils pas été causés par des explosifs dans les cales des avions? Qu'est-ce qui empêcherait un potentiel terroriste de monter à bord d'un avion dans un autre aéroport non concerné? Pourquoi les compagnies aériennes basées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord -aux standards internationaux- sont-elles plus sensibles? Avec le lourd dispositif sécuritaire déjà mis en place dans de nombreux aéroports du Moyen-Orient, comment les nouvelles règles ajoutent-elles une vigilance supplémentaire?»

Comme les réponses à l’ensemble de ces interrogations ne sont pas disponibles, place alors aux hypothèses. Une première thèse met en avant la politique protectrice du gouvernement Trump à l’égard du tissu économique américain.

L’article du Washington Post rappelle qu’en février dernier, une rencontre s’est tenue entre le président Trump et les responsables des compagnies aériennes américaines. A cette occasion, Donald Trump s’est engagé à soutenir le secteur et surtout à organiser une offensive contre leurs concurrentes émiraties, turques et qataries. Il visait en l’occurrence les transporteurs Emirates, Etihad, Turkish Airlines et Qatar Airways. A noter, qu’elles sont toutes visées par ces dernières mesures.

Le journaliste du Washington Post précise à ce sujet que les voyageurs sur des longues distances, notamment les hommes d’affaires, opteront dès lors, pour des compagnies américaines ou européennes. Il leur sera inconcevable de ne pas disposer de leurs ordinateurs ou tablettes pendant ces longues heures de voyage.

Quant aux militants, ils voient dans ces mesures un risque pour les données personnelles stockées dans les appareils voyageant en soute.

Et en conclusion, l’article souligne l’impact négatif de ce dispositif sur les économies des pays concernés. Il rappelle que «plus de 83 millions de passagers, en 2016, ont transité par les aéroports de Dubaï et de Doha. Ceux du Qatar et d’Istanbul affichent un haut taux d’occupation. Les compagnies aériennes du golfe Persique ont profité de leur position géographique et sont devenues des points de passage entre les hémisphères occidental et oriental».

Par Imane Azmi
Le 23/03/2017 à 22h37