Le secrétaire général du PJD et chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, a taclé rudement son prédécesseur Abdelilah Benkirane en affirmant: «Il ne faut pas que quelqu’un croie qu’il est le seul à pouvoir illuminer le ciel du pays. Il existe un partenariat entre tous les acteurs et nous travaillons la main dans la main. Sans cela, nous ne pouvons affronter les défis qui ressemblent à des vagues déchainées emportant peuples et Etats».
El Othmani poursuit son réquisitoire contre Benkirane en affirmant que l’égocentrisme nuit à son auteur alors qu’il a besoin de sagesse, d’une vue plus large sur les problèmes et de coopération et d’entraide. Le patron du PJD, qui a toujours privilégié la conciliation sur la confrontation, semble avoir changé de stratégie.
Il le démontre en évoquant la loi-cadre sur l’enseignement: «Il y a eu trop d’excès dans l’interprétation de la loi cadre. Pour que vous puissiez différencier les allégations infondées et la vérité, je vous invite à contacter les membres de la commission de l’éducation qui sont tous des inspecteurs et des éducateurs qui ont consacré leur vie à l’enseignement. Ils vous expliqueront les articles et les détails de la loi-cadre pour que vous puissiez la jugez avec plus de discernement». Le secrétaire général du PJD, qui intervenait au cours du huitième congrès de l’organisation du Renouveau estudiantin (Attajdid Attolabi) qui s’est tenu samedi dernier à Bouznika, a vivement critiqué ceux qui profèrent de fausses accusations. Il a appelé les étudiants à inviter le secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement supérieur, Khalid Samadi, l’un des premiers chargé d’élaborer la version préliminaire de la réforme.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 29 juillet, qu’El Othmani s’est dit très surpris par la vague de critiques suscitées par l’adoption de la loi-cadre sans que leurs auteurs aient pris connaissance du contenu du projet de loi. Il a ainsi révélé qu’il a rencontré l’organisation de la Jeunesse du parti et s’est aperçu que les militants présents n’ont pas lu une seule ligne de la loi-cadre. Ce qui ne les a pas empêchés, ajoute le patron du PJD, de porter un jugement sur ce dossier en écoutant une vidéo diffusée par Untel en faisant allusion à Benkirane. Ils ont pris, ajoute El Othmani, ce «discours» comme argent comptant en répétant ses propos comme des perroquets.
Et pour répliquer directement à son frère ennemi, Benkirane, il a martelé: «Nous n’imitons personne simplement parce qu’il est un leader, un savant ou un homme âgé. Notre réponse à la déclaration d’une personne ne signifie que nous sommes contre lui. Autant dire qu’il faut mettre le débat sur les bons rails à travers une lecture sereine de la loi-cadre sans verser de larmes pour deux articles relatifs à l’alternance linguistique en les politisant d’une manière cynique». El Othmani très remonté ne mâche pas ses mots en évoquant Benkirane et notamment son intervention devant la Chabiba du parti: «On connait les hommes à travers la vérité mais on ne décèle pas la vérité à travers les hommes. Nous acceptons la critique mais il faut que son auteur soit objectif, équitable et poli sans s’attaquer à des personnes».
Le patron islamiste a tenu aussi à répondre au Mouvement unicité et réforme (MUR), l’aile idéologique du PJD, qui a adopté la même position que Benkirane sur la loi-cadre: «Parfois, nos adversaires nous poussent à avoir une sorte de rupture alors que nous constituons un seul projet. Nous sommes fiers d’ailleurs de représenter les mêmes idées et il n’y a pas de quoi en avoir honte». Autant dire, conclut le patron du PJD, qu’il faut être conscient de cette réalité sans tomber dans la politique de l’égocentrisme qui détruit et divise.