Déchets italiens: El Haité accepte une commission d'enquête

Pour mettre fin à la polémique sur les 2.500 tonnes de déchets italiens arrivés au Maroc pour être incinérés, la ministre déléguée à l'Environnement Hakima El Haité a fait part à Le360 de son accord pour collaborer avec toute commission d'enquête, tout en rappelant le caractère légal de l'opération.

Le 05/07/2016 à 12h16

"Toute l'opération liée au bateau et à sa cargaison de 2.500 tonnes de déchets italiens s'est déroulée dans la transparence et conformément aux lois et règlements en vigueur aussi bien sur le plan national qu'international", a déclaré la ministre indiquant qu'elle est prête à recevoir "la commission parlementaire, les ONG, les signataires de la pétition et les industriels pour leur prouver que "rien d'illégal n'a été opéré dans cette affaire".

"Je suis disposée à faire analyser une nouvelle fois ces produits par deux laboratoires, l'un public et l'autre privé", a-t-elle ajouté sur un ton agacé. Interrogée par Le360, Mme El Haité s'est exprimée depuis l'Allemagne où elle participe à une conférence internationale sur le climat. Elle a précisé que les 2.500 tonnes de déchets italiens "ne sont pas toxiques".

"Ce sont des matières qu'on appelle des "résidus de substitution". Par le passé, a-t-elle expliqué, le Maroc avait déjà accueilli 500.000 tonnes de ce type de produits. "En 2013, j'ai arrêté leur importation parce que le Maroc ne disposait pas de réglementation spécifique en la matière", a rappelé la ministre ajoutant que "maintenant, il existe des lois, des laboratoires et une police environnementale". "Toute demande d'incinération en provenance de l'étranger pour les résidus de substitution est soumise à un accord préalable strict de l'administration", celle-ci basant sa décision sur, notamment, les analyses fournies par deux laboratoires nationaux distincts".

Selon la ministre, les 2.500 tonnes de déchets italiens sont arrivées "légalement au Maroc". "J'ai discuté lundi de cette question avec la ministre allemande de l'Environnement qui m'a révélé que son pays incinère quelques 2 millions de tonnes par an des résidus de substitution semblables. L'Europe entière brûle et sans aucun danger plus de 20 millions de tonnes chaque année", a-t-elle rajouté en rappelant la "convention internationale de Berne qui régit le mouvement de ces déchets".

Pour rappel, l’affaire a éclaté depuis l’annonce de l’importation par le Maroc de plus de 2500 tonnes de déchets en provenance d’Italie en vue de les incinérer près de la ville d’El Jadida. Une décision qui a heurté de nombreux citoyens qui se sont emparés de l’affaire sur les réseaux sociaux avec pour slogan: «Le Maroc n’est pas la poubelle de l’Italie». Une pétition demandant des comptes au gouvernement, mise en ligne le 1er juillet, a même récolté plus de 10.000 signatures.

L’affaire a pris une telle ampleur que le parlement s'en est saisie. Ouadi Benabdellah, député du Rassemblement national des indépendants (RNI), a ainsi déposé une question écrite, le 1er juillet, à la ministre déléguée en charge de l'Environnement Hakima El Haité. Il lui demande de s'expliquer sur les raisons de l'importation des déchets d'Italie, ainsi que sur les effets nocifs que pourrait causer l'incinération de ces déchets, aussi bien sur l'environnement que sur la santé des citoyens.

A cinq mois de la COP 22 de Marrakech, cette affaire prend une résonance sensible.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 05/07/2016 à 12h16