Coup de sape du PJD contre l’amazigh sur les billets de banque

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Revue de presseKiosque360. Les députés du PJD ont fait bloc au Parlement contre un amendement prévoyant l’introduction de la langue amazighe sur les billets de banque et les pièces de monnaie.

Le 22/05/2019 à 20h23

Les députés membres du groupe parlementaire du PJD ont mené une campagne acharnée contre un amendement prévoyant l’introduction de l’amazigh et de la graphie tifinaghe sur les billets de banque. Les parlementaires du parti islamiste ont ainsi fait bloc, mardi 21 mai, contre l’adoption de cet amendement à la commission des finances, présidée par Abdellah Bouanou, également maire PJD de Meknès, rapporte le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du jeudi 23 mai.

D’après le quotidien, qui cite des sources parlementaires, les députés du PJD auraient agi de la sorte par pur esprit de revanche contre les adversaires politiques de leur parti. L’amendement en question ayant, en effet, été proposé par le PAM à la Chambre des conseillers, le PJD a fait tout son possible pour l’invalider, mobilisant pour l’occasion les membres des autres groupes parlementaires de la majorité et de l’Istiqlal.

La possibilité d’introduire des inscriptions en amazigh et en tifinagh sur les billets de banque et sur les pièces de monnaie, aux cotés de l’arabe et du français, a fait l’objet d’un amendement au projet de loi 40.17 portant nouveau statut de Bank Al-Maghrib, alors en débat à la Chambre des conseillers. L’amendement a été adopté sans problème par la commission des finances et entériné en séance plénière au moment du vote globale du projet de loi, mardi 14 mai. Les conseillers PJD étaient alors mobilisés pour soutenir leur frère, Abdelali Hamieddine, dont le procès pour complicité de meurtre reprenait le même jour à Fès.

Le parti islamiste s’est néanmoins rattrapé une semaine plus tard au moment de l’examen, en deuxième lecture, du projet de loi à la Chambre des représentants. Entre-temps, la question avait déjà fait l’objet d’une polémique. Le salafiste et ancien détenu dans le cadre des attentats terroristes du 16 mai, Hassan Kettani, avait, rappelons-le, commenté sur sa page Facebook l’adoption de cet amendement en des termes pour le moins haineux envers l’amazigh, qu’il considère comme contraire à l’Islam. La suite est connue.

Il faut préciser que l’introduction de la langue amazighe sur les billets de banque et sur les pièces de monnaie est inéluctable. Ce n’est qu’une question de temps, en fait. Le projet de loi 26.16 relatif à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, actuellement bloqué par le PJD à la première Chambre, prévoit, en effet, dans l’article 22, l’inscription en amazigh, à côté de l’arabe, des données figurant sur les pièces de monnaie et les billets de banque, ainsi que sur les timbres-poste et autres sceaux et cachets de l’administration publique.

Par Amyne Asmlal
Le 22/05/2019 à 20h23