Ces politiques qui ne déclarent pas leurs «bonnes»

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Revue de presseKiosque360. Un seul ministre a déclaré son employée de maison à la CNSS. Les listes des déclarants établie par la caisse ne comptent aucun chef de parti politique, ni patron de syndicat et encore moins de président des nombreuses associations, dont celles de défense des droits de l’Homme.

Le 03/05/2019 à 19h22

Plusieurs mois après l’entrée en vigueur de la loi relative aux travailleurs domestiques, seul un ministre, sur les 39 membres du gouvernement, a déclaré son employée de maison auprès de la CNSS. Bien sûr, on ne parle pas ici du personnel de maison mis à la disposition des membres du gouvernement après leur nomination, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 4 et 5 mai.

Ces derniers, femmes de ménages, maître d’hôtel et autres jardiniers, sont payés par l’Etat et donc naturellement régularisés. Le quotidien fait plutôt référence aux personnes employées par les membres du gouvernement avant leur nomination et qui restent à leur service après. Ces dernières continuent de travailler au «noir». Ce qui fait dire au quotidien que la schizophrénie et le double discours restent, semble-t-il, monnaie courante chez les Marocains, mêmes hauts placés.

Le quotidien a été amené à faire ce constat après avoir noté que des personnalités publiques, tout en tenant des discours sur les droits de l’Homme et plus particulièrement les employés de maison, surtout les mineurs ou les «petites bonnes», n’hésitent pas à bafouer leurs droits. Malgré le fait que la nouvelle loi relative aux employés de maison soit entrée en vigueur depuis longtemps, poursuit le journal, les hauts responsables, relevant de différentes institutions constitutionnelles, n’ont pas encore pensé à déclarer leurs employés de maison à la CNSS.

Ainsi, précise Assabah, qui cite des sources de la CNSS, sur les listes des déclarants ne figurent ni les chefs de partis politiques, ni les patrons de syndicats et encore moins les présidents des 150.000 associations de la société civile, dont justement celles de défense des droits de l’Homme, légalement constituée et qui meublent le champ associatif national. Ces listes ne comptent pas non plus de hauts cadres des établissements publics ni d’entrepreneurs et autres hommes et femmes d’affaires.

La CNSS, précise le journal, dispose de statistiques inquiétantes à ce sujet qu’elle préfère ne pas rendre publiques pour des raisons évidentes. C’est que, parait-il, seuls les ambassadeurs et autres membres des missions diplomatiques et consulaires étrangères s’acquittent de leur devoir envers leurs employés de maison en les déclarant à la CNSS et en leur faisant bénéficier, par la même occasion, de l’Assurance maladie obligatoire. 

Pourtant, cité par le quotidien, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Yatim, ne manque pas de mettre en avant le grand apport, en termes de droits, de l’adoption d’une loi dédiée aux travailleurs domestiques. Cependant, note le ministre, il est très difficile de faire le suivi de sa mise en œuvre. Les inspecteurs du travail, fait-il remarquer, étant dans l’incapacité de vérifier dans chaque maison si les employés sont bien déclarés.

C’est d’ailleurs pour cela que le ministère s’en est remis au tissu associatif pour l’aider dans sa tâche. Le département de Mohamed Yatim a en effet déjà signé une convention avec pas moins de 13 associations actives dans le domaine de la protection de l’enfant. Ces dernières devraient, selon les termes de cette convention, mener une campagne de sensibilisation pour inciter les employeurs à se conformer à la nouvelle loi.

Par Amyne Asmlal
Le 03/05/2019 à 19h22